Thromboses veineuses

L’aspirine a de la veine

Publié le 01/06/2012
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L’étude WARFASA montre l’intérêt de l’aspirine en relais des antivitamines K après phlébite idiopathique.

Crédit photo : ©SPL/PHANIE

Chaque année, 10 % des thromboses veineuses idiopathiques récidivent dans les deux ans suivant l’arrêt des anti-vitamines K mais on hésite à poursuivre au long cours le traitement anticoagulant du fait de la lourdeur de la surveillance biologique et de la menace du risque de saignements graves.

L’étude WARFASA (the Warfarin and Aspirin Study) de l’équipe de Cecilia Beccatini (université de Pérouse, Italie) parue dans le New England Journal of Medicine montre l’intérêt de l’aspirine en relais des antivitamines K. Elle a un effet préventif intéressant sur la récidive de thrombose veineuse lorsqu’elle est administrée après six à dix-huit mois de traitement anticoagulant.

L’étude multicentrique randomisée en double aveugle a inclus 402 patients ayant eu une thrombose veineuse idiopathique inaugurale traitée par 6 à 18 mois d’anticoagulants oraux. Ils ont reçu soit 100 mg par jour d’aspirine (la dose utilisée en prévention secondaire des accidents artériels) soit un placebo pendant deux ans.

Risque de récidive réduit de 40 %

Après l’arrêt des antivitamines K, les patients sous aspirine (100 mg par jour) ont un risque de récidive réduit de 40 % par rapport à ceux sous placebo sans contrepartie d’une augmentation des saignements.

L’efficacité est moindre que la réduction de risque de 60 à 80 % obtenus pour les antivitamines K ou les nouveaux anticoagulants comme le dabigatran ou le rivaroxaban. Mais vis-à-vis des antivitamines K, l’aspirine fait beaucoup moins saigner, 0,3 % par an contre 3 % par an pour les antivitamines K et elle a aussi son prix modeste comme atout.

L’aspirine fait donc aussi bien à l’étage veineux qu’au niveau artériel. Pour expliquer l’effet inattendu de l’aspirine sur la thrombose veineuse, les auteurs indiquent que « l’efficacité de l’aspirine en prévention primaire ou secondaire de la maladie veineuse thrombo-embolique est biologiquement plausible à cause de la participation des plaquettes dans la formation des thrombi veineux ».

Il faudra cependant confirmer ces résultats par l’étude ASPIRE (Aspirin to prevent recurrent venous thrombo-embolism) dont les résultats sont attendus fin 2012. g

Dr Muriel Gevrey

Source : lequotidiendumedecin.fr