« LA PROPAGATION du virus de la grippe aviaire dans plusieurs pays asiatiques n'est toujours pas contenue », a indiqué vendredi la FAO (Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation). De nouveaux foyers de contamination ont été signalés au Cambodge, en Chine, en Indonésie et au Laos. La plupart des pays touchés coopèrent avec les organismes internationaux, mais dans d'autres « la situation reste très problématique », en raison du manque de ressources, notamment en vétérinaires, outils de diagnostic et moyens de transport. Plus de 80 millions de volailles ont été abattues. Des experts vétérinaires de plus de vingt pays se retrouveront à Bangkok du 26 au 28 février pour parler des stratégies de lutte et de leur coût.
En fin de semaine dernière, neuf pays étaient touchés par le virus H5N1 : Cambodge, Chine, Corée du Sud, Indonésie, Japon, Laos, Taïwan, Thaïlande, Vietnam. Deux seulement, le Vietnam et la Thaïlande déplorent des victimes humaines, 14 et 5 respectivement. L'OMS a étudié dix patients du Vietnam, dont huit sont décédés, une dizaine de jours en moyenne après l'apparition des premiers symptômes (voir encadré). Les huit personnes décédées ont eu des contacts avec de la volaille.
Plus d'un an ?
Pour coordonner leurs actions face à la menace, les ministres européens de la Santé ont tenu une réunion informelle, à la demande de la France et en présence du directeur général de l'OMS. Lee Jong-Wook estime que l'épidémie actuelle pourrait durer plus longtemps que celle de la pneumonie atypique. « La grippe du poulet est plus difficile à juguler que le sras, dit-il. Il est très difficile de contrôler le comportement des oiseaux. Elle pourrait durer plus d'un an. » Reste qu'aucune preuve n'existe d'une transmission interhumaine.
Pour prévenir l'introduction de l'épizootie en Europe et en France, les importations de volailles vivantes, d'œufs à couvert et de porcs vivants en provenance d'Asie sont interdites. Seules sont autorisées les viandes fraîches de volailles provenant de Thaïlande, à condition que les animaux aient été abattus avant le 1er janvier, et les produits à base de viandes de volaille venant de Malaisie, de Singapour et de Thaïlande. Les oiseaux de volière, de compagnie ou d'exposition sont également interdits s'ils viennent des régions touchées.
Les voyages à destination de l'Asie restent possibles. Il est recommandé d'éviter tout contact avec les volatiles, vivants ou morts, de ne pas consommer des produits alimentaires crus ou peu cuits et de se laver régulièrement les mains avec de l'eau et du savon, ou un soluté hydroalcoolique qu'il est conseillé d'emporter dans ses bagages.
En cas « d'influenza aviaire à risque établi de transmission humaine », la conduite à tenir a été expliquée aux professionnels et aux établissements de santé (et est disponible sur le site du ministère, www.sante.gouv.fr). Un « Plan de gestion d'une menace de pandémie grippale » est en cours d'élaboration.
Les signes cliniques
Selon l'étude réalisée par l'OMS sur dix malades vietnamiens, dont huit sont décédés, les signes cliniques les plus évocateurs de la maladie sont une fièvre à plus de 38 °C, l'existence d'un souffle court et d'une toux. Les patients présentaient une lymphopénie significative et des anomalies radiographiques pulmonaires importantes. Ces dernières étaient peu spécifiques, de type infiltrat diffus, multifocal ou nodulaire. Chez certains patients, il existait une condensation segmentaire ou lobulaire, avec présence d'un bronchogramme aréique. A l'auscultation, des râles crépitants ont été fréquemment retrouvés. Aucun des patients ne s'est plaint de rhinorrhée, d'écoulement nasal postérieur, de conjonctivite ni d'éruption cutanée. Dans près de la moitié des cas, une diarrhée liquide avec perte de selles a été notée.
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