LE TRAITEMENT préconisé face à un paludisme sévère, en particulier dans ses manifestations cérébrales, est la quinine par voie intraveineuse, mais ce traitement n'est pas toujours réalisable. L'artéméther, dérivé de l'artémisinine, constitue une solution substitutive recommandée par l'OMS, car il offre plusieurs avantages : la plante dont est dérivé l'artéméther peut être cultivée localement dans les régions où sévit le paludisme ; administré par voie rectale, le médicament agit plus rapidement que la quinine pour éliminer le parasite ; en outre, il est facile à administrer, bien toléré, et la surveillance du traitement ne pose pas de problème particulier.
Une efficacité déjà établie chez l'adulte.
L'artéméther a été utilisé avec succès chez l'adulte. S'ajoute aujourd'hui ce dernier travail en date mené par Ruth Aceng et coll. chez des enfants ougandais. Les résultats publiés montrent que, administré par voie rectale à des enfants atteints de paludisme sévère, l'artéméther a un effet équivalent à la quinine intraveineuse, tant en termes d'efficacité clinique et parasitologique que sur le plan du délai de convalescence.
Les auteurs concluent qu'il est licite d'utiliser ce médicament pour traiter les enfants dans des centres de soins ne disposant pas des équipements ou du personnel qualifié pour réaliser un traitement intraveineux.
L'étude randomisée en simple aveugle a été menée à l'hôpital Mulago, où ont été recrutés cent trois enfants âgés de six mois à cinq ans présentant un paludisme cérébral (crises convulsives suivies d'un coma profond, avec recherche de P. falciparum positive). Ces enfants ont reçu de l'artéméther sous la forme de « suppogels » ou de la quinine par perfusion. La durée du traitement a été de sept jours.
Les résultats ont été évalués en fonction du délai de négativation de l'examen parasitologique et du délai de récupération neurologique : temps de restauration de la conscience, reprise de l'alimentation orale et de mise en position assise sans aide.
Une élimination plus rapide du Plasmodium.
Les différences évolutives entre l'artéméther et la quinine intraveineuse n'ont pas atteint le seuil de significativité : le délai d'élimination du parasite a été de 54,2 heures contre 55 heures pour la quinine ; l'apyréxie a été obtenue en 33,2 heures contre 24,12 heures ; la restauration de la conscience en 30,1 heures contre 22,6 heures ; la reprise de l'alimentation orale en 37,9 heures contre 30,3 heures.
La mortalité a été plus importante dans le groupe traité par la quinine : 10/52 versus 6/51 (RR de 1,29).
L'élimination du parasite sous artéméther est apparue un peu plus rapide, ce qui avait déjà été noté dans les études chez l'adulte. Il n'a pas été observé d'effets indésirables significatifs à court terme. Les effets indésirables ont été à peu près équivalents dans les deux groupes. Les vomissements ont été plus fréquents sous quinine. Les épreuves fonctionnelles hépatiques et rénales ont été améliorées dans les deux groupes, ce qui signifie qu'aucun des deux produits n'a eu d'incidence néfaste sur ces organes.
Les raisons de la réduction de la mortalité sous artéméther ne sont pas élucidées. Toutefois, plusieurs études menées en Asie du Sud-Est chez des adultes atteints de paludisme sévère ont montré que le traitement par les dérivés de l'artémisinine pourraient réduire de moitié la mortalité.
« BMJ », vol. 330, 12 février 2005, pp. 334-336 et commentaires pp. 317-318.
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