EN 1964, LE CRITIQUE Gérald Gassiot-Talabot (mort il y a trois ans), organisa une exposition au musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Celle-ci – qu’il appela « Mythologies quotidiennes » – fut unique en son genre puisqu’elle réunissait trente-quatre jeunes artistes de la nouvelle génération, dont les préoccupations plastiques étaient inédites et se différenciaient fortement de l’art abstrait et du Pop art triomphants à l’époque. On regroupa ces peintres sous le terme « Figuration narrative ».
Si la Figuration narrative «n’est pas une tendance plastique», selon les mots de Gassiot-Talabot, s’il n’est pas aisé de la définir clairement, elle regroupe en tout cas des créations aux dénominateurs communs : des toiles aux couleurs tranchées, résolument vives, inspirées de la modernité, en référence aux médias, souvent militantes, engagées, ironiques ou subversives, livrant un témoignage de l’environnement contemporain (la politique, l’histoire, les faits divers…). La même volonté est en outre présente chez ces peintres : « objectiver » le réel.
Les expositions de Dole et de Lons-le-Saunier livrent un panorama de la Figuration narrative en présentant un ensemble d’oeuvres parmi les plus significatives. Toutes ont été acquises par des collections publiques françaises et européennes.
On y découvrira la peinture de Gilles Aillaud, contemplateur du réel et narrateur d’anecdotes quotidiennes, qui immortalise des animaux dans l’évidence du réalisme. Les surfaces de ses toiles sont lisses, ses couleurs franches et tranchées. Mais, au-delà de cette figuration, de ce premier degré, on sent un questionnement, une inquiétude.
Tandis que Gilles Aillaud veut restituer «l’idée des choses» comme il le disait, Eduardo Arroyo, lui, résolument opposé à l’art informel, crée un langage pictural composé de formes simplifiées, de collages, de détails burlesques, de clins d’yeux : une figuration transcendée par un onirisme particulier.
Jacques Monory s’inspire quant à lui des images qui l’entourent, du cinéma, de la publicité, des média. Son oeuvre – sorte de journal, composé d’images glanées au fil de la vie – peut se regarder comme un film.
Erro, iconoclaste satirique, conçoit de son côté des oeuvres très visuelles et narratives, pleines d’esprit et de dérision.
Bernard Rancillac développe une mythologie moderne imagée et Hervé Télémaque des collages aux formes flexibles.
L’exposition dévoile encore les oeuvres violentes et crues de Peter Saul, les collages très animés de Peter Klasen, les séries poétiques d’objets quotidiens ou d’éléments naturels d’Henri Cueco, les compositions historiques ou hommages sarcastiques de Valerio Adami à des artistes et écrivains, les objets, signes ou référents colorés de Télémaque, ou encore les toiles tragiques et poignantes qui « laissent une cicatrice » à qui les regarde, de Vladimir Velickovic.
> DAPHNÉ TESSON
Jusqu’au 2 juillet. – Musée des Beaux-Arts, 85, rue des Arènes, 39100 Dole. Tél. 03.84.79.25.85. Tlj sauf lundi de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h. Entrée libre – Musée des Beaux-Arts, place Philibert-de-Chalon, 39000 Lons-le-Saunier. Tél. 03.84.47.64.30. Tlj sauf mardi de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h.
Catalogue, éd. Somogy, 160 p., 28 euros.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature