LE MOINS qu'on puisse dire, est qu'Alain Foix aime les jeux de mots, les jeux avec les mots. Déjà le titre du livre en atteste mais on retrouve la même jubilation d'un bout à l'autre de l'ouvrage. Et ce n'est pas tout. Il aime aussi jouer avec les images et les situations sans craindre l'outrance. Cela nous vaut des portraits et des descriptions particulièrement originaux.
On s'étonne un peu moins de cette écriture débridée et décalée lorsqu'on sait qu'Alain Foix est, entre autres spécialités, dramaturge. Il a été lauréat du Concours d'écriture théâtrale francophone de la Caraïbe l'an dernier et il est aussi le créateur, à Saint Quentin en Yvelines, du festival « Polar dans la ville ». La mise en scène, il connaît, et il la peaufine avec délice dans ce premier roman qui doit aussi être le premier volet des aventures de l'inspecteur Pérez.
Robert Pérez, donc : une « mâchoire légèrement prognathe... un nez busqué... des yeux noirs en mouvement perpétuel... un faux air de vautour goguenard... un dos voûté et une démarche en canard sautillante ». Le flic tutoie ou vouvoie indifféremment son adjoint Dumas - « pingouin aux mains clouées dans le dos... une face pseudo porcine double-mentonnée » - en qui il reconnaît essentiellement « sa promptitude à proférer des âneries ».
Aussi, lorsque les deux compères découvrent le cadavre d'un peintre parisien, certes abattu d'une balle blindée de 9 mm parabellum mais dont l'assassinat a été si artistiquement mis en scène, chacun investigue de son côté : Dumas s'intéresse au Chinois, alias Amadou Deng-Xiao-Kahne, modèle - au masculin - de toute beauté et Pérez va chercher l'inspiration à Bruxelles, dans le lit de son amie irlandaise, peintre sculpteur spécialisée dans les statues aux formes mutilées.
Qui, du balourd qui piétine à l'instinct ou de l'intello amateur d'art, fera avancer le « schmilblic » ? Il faudra d'autres crimes, et toujours plus sophistiqués, pour que l'invraisemblable vérité surgisse enfin. Au terme d'un récit exubérant et baroque rare dans le genre du polar. Vivement la suite de la saga !
Galaade Éditions, 141 p., 16 euros
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