Thierry Boitier a encore peu exposé. La Galerie (1), l'a découvert et propose une série d'uvres sur le thème de la mémoire. Son environnement pictural s'organise autour d'une photo d'identité mêlant des éléments de géométrie aux déchirures vives, constituant l'élément graphique par lequel l'uvre sort du simple constat objectif. Le tout guidé par un esthétisme élégant, se suffisant à lui-même. L'accrochage s'harmonise curieusement avec les pièces de sculpture du Zimbabwe, qui est une spécialité de la galerie.
On ne s'éloigne pas trop non plus du centre de la capitale en allant dans le toujours attractif parc de Bagatelle, dans le Bois de Boulogne, pour y découvrir Les Jardins persans et leur rayonnement (2). Depuis très longtemps, on les associe au paradis qui vient d'un mot persan signifiant « entouré de murs ». C'est un espace floral organisé, structuré par un jeu de bassins et de canaux, évoquant les quatre fleuves (de lait, de miel, de vin et d'eau pure) décrits dans le Coran. Des uvres provenant de quelques grands musées, des photographies, des plans, des relevés permettent au visiteur de les visualiser. Depuis les sanctuaires de Persépolis (5e siècle av. J.-C) jusqu'aux jardins de Shiraz et de Kashan ou encore ceux de Lahore et du Taj-Mahal. Lieux de splendeur et de méditation. Toutes les techniques mises à contribution pour leur réalisation, dans le contexte du désert, rendent encore plus admirable la présence de ces espaces d'illusion. Il faut mériter son paradis sur terre.
Franta, exposé à Melun (3), a parcouru l'Afrique en tous sens durant une dizaine d'années et en a rapporté des peintures d'une franchise d'exécution, d'une force d'expression qui sont bien dans sa manière. Il était dans les années 1960 un des meilleurs représentants de la nouvelle peinture expressionniste (avec Christoforou, Lindstrom, Poujet et certains membres du groupe Cobra, comme Appel ou Jorn). Franta a décanté son écriture où il fait passer la frémissante ardeur de la terre africaine, sa végétation luxuriante.
La vitalité de la recherche artistique
Les IIes Rencontres départementales d'arts plastiques proposées à Orléans (4) ont le mérite de détecter sur le plan régional des travaux qui n'ont pas encore acquis une audience nationale mais témoignent de la grande vitalité de la recherche artistique. Elle est dominée ici par l'attrait de l'abstraction qui explore toutes les ressources de l'imaginaire pictural avec parfois d'assez convaincantes réussites (Alain-Jean, Frédérique Clement, Marie Emery, Benoit Landreigne, François Lenhard, Jean Louis Pelé, André Quétard, Nadine Ringuedé, Henri Ribeyreix).
Dans le contexte du Nouveau Réalisme, Jacques Villeglé, à découvrir à Clermont-Ferrand (5), a poursuivi sa quête des affiches lacérées, établissant une sorte de bilan de la poésie murale urbaine, avec sa déferlante de mots et d'images où l'information se confond avec la publicité. Art de contestation, sans doute, mais recherche plastique aussi, qui ne fait que développer l'art du collage, d'ordinaire intime, ici dans un espace monumental.
Figure majeure du mouvement dada, Raoul Hausmann, à Saint-Etienne (6), n'est pas loin de ce Limousin où il terminait sa vie après avoir exploré les domaines de la peinture, du dessin, du collage, de l'assemblage, et de la photographie. C'est cette dernière qui fait l'objet d'une exposition : Paysages et nus de la Baltique (1927-1931), les séries ethnographiques d'Ibiza (1933-1936) et les photopictogrammes réalisés à Limoges après la guerre.
Le point ultime de l'abstraction
C'est dans le cadre plein de noblesse de l'hôtel Donadei de Campredon, à l'Isle-sur-la-Sorgue (7), qu'est proposée une exposition Serge Poliakoff (qui entreprend un véritable tour de France : Carcassonne, Dunkerque, Issoudun, Roanne, le Mans, Metz). Point ultime de l'abstraction, la peinture de Poliakoff n'a plus de réalité que par la couleur qu'elle dispense, dont elle est nourrie avec une calme et rêveuse spontanéité de touche mais une insistance qui la densifie. Il risque des superpositions qui atténuent les effets, leur donne ce moelleux, cette souplesse si séduisante. Il créé une sorte de musicalité de la surface.
<*L>(1) 92, avenue Jean-Baptiste Clément, jusqu'au 6 mai.
(2) Jusqu'au 29 juillet, tous les jours, sauf le mardi, de 11 à 18 h. Entrée 35 F.
(3) Espace Saint-Jean, 26, place Saint-Jean, du mardi au samedi, de 13s à 19 h, le dimanche de 14 à 18 h)., entrée libre.
(4) Hôtel du département, 15, rue Eugène-Vignat, jusqu'au 29 avril.
(5) Galerie Arkos, 25, rue du Port, 1, rue Barnier, jusqu'au 5 mai.
(6)Musée d'art moderne, jusqu'au 28 mai.
(7) Jusqu'au 10 juin, tous les jours, sauf le lundi, de 9 h 30 à 12 h et de 14 h à 18 h, entrée 35 F.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature