> Les grands peintres
Constable à Londres
De son enfance passée dans la région bucolique du Suffolk, Constable (1776-1837) a gardé une vision paisible de la nature, qu’il met au service de sa peinture composée de paysages chatoyants. La Tate Britain à Londres présente une série de formats monumentaux du peintre britannique. Constable, après avoir «marché dans les champs avec un esprit d’humilité», comme il le disait si joliment, posait son chevalet en plein air, et composait des esquisses en grand format (ce qui était peu commun à l’époque) de campagnes romantiques à souhait ou de paysages inquiétants aux cieux tourmentés. Au trait de pinceau sûr et affirmé d’une oeuvre académique succèdent les rapides coups de brosse parfois rageurs d’une facture plus audacieuse. Constable sait alterner une composition équilibrée et léchée avec l’esquisse d’un paysage pris sur le vif, libre et spontané. La peinture de Constable ? Un académisme d’avant-garde.
« Constable : The Great Landscapes ». Tate Britain, Millbank, Londres ; tél. 00.44.20.7887.8000. Jusqu’au 28 août.
Michel-Ange à Londres
Le dessin était pour Michel-Ange (1475-1564) le passage obligé vers l’oeuvre définitive. Tout à la fois peintre, sculpteur, architecte et poète, le grand génie de la Renaissance fut un dessinateur prodigieux, connu pour son trait puissant qui magnifiait les anatomies. Le British Museum propose une grande rétrospective des oeuvres graphiques de l’artiste florentin, réalisées depuis ses débuts de peintre à l’âge de 12 ans, jusqu’à la fin de sa vie, ainsi que quelques sculptures et lettres originales de Michel-Ange. Ces dessins, études et esquisses sont d’autant plus rares et précieux qu’ils avaient été dispersés depuis la mort du peintre en 1564. Une vigueur et une audace du trait stupéfiantes, servies par un subtil mélange de liberté et de perfection. A eux seuls, ces dessins suffiraient à résumer le génie de Michel-Ange.
« Dessins de Michel-Ange : plus près du maître ». British Museum, Great Russell Street, Londres ; tél. 00.44(0)20.73.23.80.00. Jusqu’au 25 juin.
Friedrich à Essen
Il s’agit de la plus grande rétrospective jamais consacrée à Caspar David Friedrich (1774-1840). Environ 70 tableaux et plus de 120 dessins du peintre phare du romantisme allemand composent ce parcours, dans lequel on admirera entre autres oeuvres les mythiques « Falaises de craie de l’île de Rügen », toile qui n’est ordinairement jamais montrée au public. On retrouvera bien sûr les thèmes chers à l’artiste : la mort et la nature, les images de l’homme écrasé par le paysage, les montagnes égarées dans les brumes et les nuages, des figures féminines aussi… Dans l’exposition, trône la magistrale « Mer de glace », représentant le naufrage chaotique d’un bateau brisé par des icebergs. Ce superbe ensemble rétrospectif mérite le voyage à Essen (Allemagne). Le génie de Friedrich s’y révèle à travers ces sublimes paysages allégoriques, fruit d’une observation attentive de la nature transcendée par une lumière mystique. Ces oeuvres puissantes, architecturées selon une composition rigoureuse, sont habitées par l’âme.
« Caspar David Friedrich ». Folkwang Museum, Goethestrasse 41, Essen, ; tél. 00.49(0)201.88.45.444. Jusqu’au 20 août.
Max Beckmann à Berne
Le superbe Zentrum Paul Klee de Berne (Suisse) présente une soixantaine d’oeuvres de Max Beckmann, peintre majeur de l’art allemand du XXe siècle dont les oeuvres témoignent d’un souci d’objectivité et s’inscrivent dans une veine naturaliste. On trouve, à travers des oeuvres inspirées du quotidien, la virulence et la fougue, au service d’une grande spiritualité. Robustesse, ardeur, exaltation définissent l’art de Beckmann où la reproduction de la barbarie exprime l’humanisme. Dans une frénésie inventive et une créativité sans cesse renouvelée, ce peintre nous livre une oeuvre imposante et tonitruante.
« Max Beckmann – Rêve de la vie ». Zentrum Paul Klee. Monument im Fruchtland 3, Berne ; tél. 00.41(0)31.359.01.01. Jusqu’au 18 juin.
Holbein à Bâle
Le Kunstmuseum de Bâle propose un voyage au coeur du XVIe siècle, en présentant près de 200 toiles, dessins et gravures de l’artiste allemand Hans Holbein, parmi lesquels des oeuvres religieuses (sublime « Christ mort » et uniques « Madone de Soleure » et « Madone de Darmstadt ») et des portraits d’une force exceptionnelle et d’une extraordinaire acuité, intenses et implacables. La technique d’Holbein est, dès ses premières oeuvres, très accomplie. Il la perfectionna à Bâle auprès de Holbein l’Ancien, son père, et de son frère Ambrosius. Son art est une habile transition entre le Gothique tardif et la Renaissance. Nul autre mieux que cet artiste polyvalent n’a su faire la synthèse entre ces deux époques.
« Hans Holbein le Jeune. Les années bâloises 1515-1532 ». Kunstmuseum, St. Alban-Graben, 16, Bâle ; tél. 00.41.61.206.62.62. Jusqu’au 2 juillet.
Gilbert & George à Maastricht
Les deux trublions anglais d l’art contemporain, Gilbert & George, font l’objet d’une exposition à Maastricht. Autoproclamés « sculpture vivante » depuis leurs débuts, les artistes présentent ici leurs « Sonofagod Pictures », dans lesquelles on retrouve les mêmes dénonciations et les mêmes obsessions que dans leurs précédents travaux (la sexualité, la famille, le pouvoir…). Ce sont cette fois-ci la religion, les symboles catholiques et l’art médiéval qui ont inspiré les deux artistes dans ces nouvelles créations pleines d’ironie.
« Gilbert & George, Sonofagod Pictures ». Musée Bonnefante,. 250, avenue Céramique. 6201, Maastricht. ; tél. 00.31(0)43.32.90.190. Jusqu’au 30 juillet.
> L’événement
La collection Pinault à Venise
ON NE PARLE que de cela ! De la réouverture ces dernières semaines du Palazzo Grassi, palais vénitien du XVIIIe siècle racheté par le célèbre collectionneur François Pinault. Entièrement rénové par l’architecte japonais Tadao Ando et dirigé par Jean-Jacques Aillagon, le musée abrite la collection d’art moderne et contemporain de Pinault, riche de plus de 2 000 oeuvres. L’exposition inaugurale « Where Are We Going ? » n’en présente qu’une partie, quelque 200 travaux, choisis et ordonnancés par Alison M. Gingeras, conservatrice adjointe au musée Guggenheim à New York. Le parcours livre un aperçu de l’art du XXe siècle : oeuvres issues de l’Arte Povera, de l’abstraction américaine de l’après-guerre, du Pop Art… Beaucoup de valeurs sûres et pas vraiment de découvertes majeures parmi ces sempiternelles « stars » de l’art contemporain, artistes parmi les plus cotés du marché de l’art (Jeff Koons, Maurizio Cattelan, Paul McCarthy, Cindy Sherman). En novembre une exposition Picasso est attendue.
« Where Are We Going ? ». Palazzo Grassi, Campo San Samuele, Venise ; tél. 00.39.(0)41.523.16.80. www.palazzograssi.it. Jusqu’au 1er octobre.
> Mouvements
Le Modernisme à Londres
Dans la continuité des expositions programmées sur les courants stylistiques majeurs du XXe siècle, le V & A de Londres propose un passionnant aperçu de ce que fut le mouvement du Modernisme, qui opéra dans la vie quotidienne urbaine une révolution des conceptions esthétiques et artistiques, architecturales et comportementales, au sortir de la Première Guerre mondiale. Cette école profondément novatrice, issue des « avant-gardes » artistiques des premières années du XXe siècle et qui perdura jusqu’en 1939 en Europe, en Russie et aux Etats-Unis, reposait sur la volonté de bâtir un monde inédit et meilleur.
« Modernism : designing a new world. 1914-1939 ». Victoria and Albert Museum, Cromwell Road., Londres. ; tél. 00.44.20.7942.2000. Jusqu’au 23 juillet.
L’Art Nouveau à Bruxelles
Cette riche exposition retrace l’histoire et les origines de l’Art Nouveau, à travers quelques 400 objets (peintures, sculptures, bijoux…) ayant été acquis par Siegfried Bing (1838-1905), un collectionneur d’art parisien, fondateur en 1895 de la galerie L’Art Nouveau, qui donna son nom au courant artistique des années 1900, également appelé Jugendstil. Verreries de Tiffany, toiles et sculptures de Rodin, Claudel et Vuillard, meubles, céramiques et bijoux de Van de Velde, Colonna, De Feure et Gaillard, estampes achetées par Van Gogh, sont autant de trésors dont l’influence sur l’histoire de l’art du XXe siècle fut considérable.
« L’Art Nouveau, la maison Bing ». Musées royaux des Beaux-Arts, 3, place Royale, Bruxelles ; tél. 00.32(0)2.508.32.11. Jusqu’au 23 juillet.
> Confrontations
Claudel et Rodin à Martigny
«Je lui ai montré où trouver de l’or mais l’or qu’elle trouve est bien à elle», disait Auguste Rodin (1840-1917) à propos de Camille Claudel (1864-1943), qui entra âgée d’à peine 20 ans dans l’atelier du grand sculpteur. Une relation passionnelle et professionnelle enchaîna les deux artistes pendant des années. Ils créèrent ensemble, dans une magnifique fusion, avant que Camille ne s’affranchisse et qu’ils ne se séparent. La même force vitale et tourmentée unit ces génies de la matière dont les sculptures sont ici confrontées.
« Claudel et Rodin ». Fondation Pierre Gianadda, 59, rue du Forum, Martigny ; tél. 00.41.27.722.39.78. Jusqu’au 11 juin.
Rembrandt-Caravage à Amsterdam
Le musée Van Gogh d’Amsterdam rend hommage à deux des plus grands artistes de l’âge baroque, Le Caravage (1571-1610) et Rembrandt (1606-1669), à l’occasion de la célébration du 400e anniversaire de la naissance de ce dernier. Difficile de trouver des points de comparaison évidents et des ressemblances dans cette confrontation entre les deux peintres. Le Caravage vient du Sud catholique, Rembrandt du Nord calviniste. Le premier enrobe ses formes d’une douce lumière ; le second éclaire ses personnages d’une lumière puissante. Les deux maîtres ne se sont jamais rencontrés : Le Caravage est mort quatre ans après la naissance de Rembrandt. Mais l’exposition vaut le détour pour la qualité des chef d’oeuvres exposés.
« Rembrandt-Caravage ». Van Gogh Museum, Paulus Potterstraat 7, Amsterdam ; tél. 00.31(0)20.570.52.00. Jusqu’au 18 juin.
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