« Coco perdu », de Louis Guilloux

L'art d'un comédien

Publié le 18/03/2003
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Théâtre

L'âge n'a pas prise sur les acteurs dont l'humanité est la qualité première. Tous les personnages qu'Etienne Bierry a incarnés, tous ceux qu'il a scrutés pour diriger ses camarades, tous les livres qu'il a lus, tout est présent mais rien ne pèse. Au contraire. Avec le temps, le grand acteur se déleste de tout ce qui est inutile charge. Il épure. Il est lui-même. Et lorsqu'on voit surgir le « personnage », lorqu'on l'entend murmurer entre désarroi et bougonnement fraternel, se demandant à haute voix ce qu'il fait là, le premier sourire se déclenche.

On sourit aux anges, on rit franchement. L'adaptation est bonne. La mise en scène de Stéphane Bierry simple et fine.
Quelques jours dans la vie de Coco. Les difficiles. Fafa est partie... Où ? Mystère et pour qui la lettre qu'elle a mise à la boîte avant de prendre le train ? Il s'en doute, Coco. En attendant, c'est le week-end. Il faut passer le temps.
Rien. Presque rien. C'est tendre, ironique mais sans méchanceté : Guilloux avait bien trop de cœur pour être cruel avec ses personnages. Une heure et quelque à suivre Coco Bierry qui s'inquiète ou s'occupe, s'organise de grandes fêtes avec les serveuses du restaurant du coin, va et vient, soliloque. C'est doux et drôle, très tendre. C'est un grand acteur dans un exercice complexe : le texte est tout en ruptures, au fil des pensées contradictoires de Coco perdu. C'est délicieux. Modeste et fier Bierry, un très grand.

Théâtre de Poche-Montparnasse, à 21 h 00 du mardi au samedi (01.45.48.92.97). Le texte est publié par Gallimard.

A. H.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7297