A la Bibliothèque nationale de France

L'art du livre arabe

Publié le 08/10/2001

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Inaugurant la Saison orientale de la Bibliothèque nationale de France, l'ex-
position « L'Art du livre arabe, du manuscrit au livre d'artiste » (1) propose un parcours à travers l'art du livre dans le monde arabe, des premiers manuscrits aux imprimés avec, en prolongement, la vision d'artistes arabes contemporains sur la calligraphie, l'écriture et le manuscrit. Environ 160 pièces montrent le livre arabe sous un angle à la fois esthétique et technique.
Riche en nombre de volumes, plus de 7 000, la Bibliothèque nationale de France l'est aussi quant à la variété et aux pièces prestigieuses qu'elle possède. L'encyclopédisme ayant présidé à la constitution du fonds, on y trouve des ouvrages qui relèvent de tous les domaines du savoir comme l'histoire, la médecine, l'astronomie, la cartographie ainsi que des textes littéraires et religieux, chrétiens ou musulmans.
Quant à l'esthétique du livre arabe, il repose sur la place majeure qu'occupe la calligraphie dès ses premières réalisations : lignes pures des écritures coufiques du VIIIe au Xe siècles, proportions harmonieuses du muhaqqaq mamelouk, courbes ornementales des écritures maghrébines. Et aujourd'hui encore, la passion du signe anime les artistes contemporains. L'interdit religieux de la représentation des êtres animés favorise l'épanouissement du décor et de l'enluminure : pages-tapis des corans, entrelacs géométriques, sarlawhs ottomans, médaillons et vignettes rehaussées d'or qui rythment le texte sacré...
La peinture d'illustration réservée aux ouvrages scientifiques et à quelques textes littéraires est portée à son plus haut degré d'épanouissement au XIIIe siècle avec l'école de Bagdad dont les Maqâmât copiées par al-Wâsitî en 1237 constituent le plus beau fleuron.
L'exposition permet de voir que nombre de ces uvres demeurent conservées dans de splendides reliures, souvent d'origine : cuirs estampés, rehaussés d'or, aux savantes découpes et aux élégantes mandorles, papiers marbrés, décorés ou peints ; les premiers livres imprimés lithographiés ou typographiés, encore proches des manuscrits, en imitent souvent décors et reliures.
Et cet art du livre traditionnel inspire des artistes contemporains : maîtres de la calligraphie comme Ghani Alani ou Hasan Massoudy, ou d'autres, peintres du signe et créateurs de livres-objets comme Rachid Koraïchi et Etel Adnan.

Deux expositions complémentaires

Une deuxième exposition, « Al-Idrîsî : une vision du monde méditerranéen au XIIe siècle » (2) complétera, sur le site François-Mitterrand, l'approche proposée par « L'Art du livre arabe » sur le site Richelieu.
L'Atlas d'Idrîsî, qui s'inscrit dans le contexte de la confrontation des trois mondes riverains : Byzance, les pays de l'islam et la chrétienté occidentale, est considéré comme le premier atlas « géopolitique » moderne. Dans une démarche didactique, d'autres visions du monde seront confrontées à celle du géographe arabe à travers une sélection de manuscrits originaux complétés par des dossiers documentaires numérisés.
Et une troisième exposition, « Voyage en Orient : photographies, 1840-1880 » (3) réunira une trentaine d'uvres de photographes. Sur les traces des pionniers que sont Joseph-Philibert Girault de Prangey, Maxime Du Camp, Félix Teynard, James Robertson, l'exposition proposera un parcours qui mène d'Alexandrie à Constantinople en passant par la Haute Egypte, le Sinaï, Jérusalem, la Syrie, le Liban, soit l'itinéraire idéal fixé par Gustave Flaubert et Maxime Du Camp en 1849-1850.

(1) Site Richelieu, galerie Mazarine
(58, rue de Richelieu, Paris 2e),
du 9 octobre 2001 au 13 janvier 2002.
Du mardi au samedi, de 10 h à 19 h,
le dimanche de 12 h à 19 h.
Entrée, 35 F (5 euros).
(2) Site François-Mitterrand, Petite Galerie
(quai François-Mauriac,
Paris 13e), du 16 octobre 2001
au 13 janvier 2002.
(3) Site François-Mitterrand,
Grande Galerie, du 16 octobre 2001
au 6 janvier 2002.