L'art de séduire

à L'INSTAR DE tous les pères, Marco Tencone, la patron du design Lancia, est fier de son enfant. On le serait à moins. La Delta respire la beauté par tous les pores de sa peau brune chauffée au soleil de sa patrie natale. Arnaud Belloni, le directeur de Lancia France, n'est pas moins enthousiaste. Il tient sa perle. Celle dont il rêvait pour reconstruire l'image d'une marque désireuse de chasser aujourd'hui sur les terres des compactes « premiums » germaniques, l'Audi A3 et sa soupirante, la BMW Série 1.

Vaste programme que celui imposé à la Delta, héritière de feu l'Intégrale, qui s'illustra naguère en championnat du monde des rallyes. Mais qu'on se le dise, le sport n'est plus sa tasse de thé. Seules quelques images jaunies témoignent d'une époque révolue.

La Delta se positionne en femme du monde. Mais point de Carla Bruni à l'horizon. Madame la présidente a d'autres préoccupations que de faire l'apologie d'une voiture, même italienne. Pour la campagne de pub un brin provocatrice, lancée avant les Jeux de Pékin, elle a été relayée par Richard Gere. Le groupe Fiat ne recule devant rien. Richard Gere et la Delta, voilà un couple qui a de l'allure. Mais si la réputation de l'acteur américain est bien établie, celle de sa « compagne » reste à faire.

C'est la raison pour laquelle Lancia a doté sa nouvelle berline – la plus grande des compactes du marché – de trois nouvelles motorisations turbo, boîte mécanique six rapports de série. Un 2 l Multijet 165 cv, évolution du 1.9 l 150 cv, un 1.9 l Multijet twin turbo 190 cv (100 cv au litre !) et un 1.8 l turbo jet 200 cv injection directe essence, boîte six, programmé pour le mois de février prochain.

Y aurait-il anguille sous roche ? En clair, Lancia ne préparerait-il pas une version quatre roues motrices ? Officiellement, ce n'est pas dans les cartons. Cela dit, en automobile comme en amour, il ne faut jamais dire jamais. Conclusion, on peut toujours fantasmer. Les nostalgiques ne seront sans doute pas les derniers à céder à cette tentation.

En vérité, l'idée est d'offrir un produit sortant des sentiers battus. Pas seulement au niveau du style. Affirmer sa différence, c'est refuser l'indifférence, claironne-t-on de l'autre côté des Alpes.

Pour appâter le chaland, la Delta en fait donc des tonnes : projecteurs LED, amortisseurs actifs, système de correction de changement de file (comparable à celui des Citroën) mais agissant sur la direction entre 65 et 80 km/h, aide au parking, navigation d'origine Magnetti Marelli, Blue and Me, climatisation bi- zone, ESP simulant la présence d'un différentiel autobloquant marié à une direction active.

Pour faire bonne mesure, elle se pare de cuir Poltrona Frau, d'Alcantara, le cas échéant d'une peinture bicolore, et ajoute à sa liste de mariage une banquette coulissante sur seize centimètres ainsi que des dossiers inclinables. Le bilan serait presque idyllique si quelques détails de finition et le faux alu qui orne l'entourage de la façade de la planche de bord ne venaient ternir l'ambiance.

Le verdict routier ? Il est mitigé. L'étagement de boîte sur la 150 cv essence est à revoir et la direction donne l'impression de ne pas répondre aux injonctions du conducteur. Un manque de fermeté qui a parfois des effets pervers. N'est pas A3 qui veut.

En Bref

– Longueur : 4,520 m.

– Largeur : 1,797 m.

– Hauteur : 1,499 m.

– Empattement : 2,700 m.

– Nombre de places : 5.

– Poids à vide : 1 320 à 1 430 kg.

– Volume du coffre : 380 à 760 l.

– Contenance réservoir : 58 l.

– Pneumatiques : 205/55 R16.

– Boîte de vitesses : boîte manuelle 6 (Séletronic en option).

– Motorisations, performances, consommation moyenne, C02 :

• 1.4 l 120 cv, couple : 206 Nm à 1 750 t.m., 195 km/h, 6,6 l, 156 g ;

• 1.4 l 150 cv, couple : 206 Nm à 2 250 t.m., 210 km/h, 7 l, 165 g ;

• 1.6 l 120 cv diesel, couple : 300 Nm à 1 500 t.m., 194 km/h, 4,9 l, 130 g ;

• 2 l 165 cv diesel, couple : 360 Nm à 1 750 t.m., 214 km/h, 5,3 l, 139 g ;

• 1.9 l 190 cv diesel, couple : 400 Nm à 2 000 t.m., 222 km/h, 5,7 l, 149 g.

PRIX

– 1.4 l T-Jet, 120 cv : 21 500 et 23 500 euros ;

– 1.4 l T-Jet, 150 cv : 23 000 à 28 000 euros ;

– 1.6 l Multijet diesel, 120 cv FAP : 24 500 à 29 500 euros (supplément boîte Séletronic : 1 000 euros) ;

– 2 l Multijet diesel , 165 cv FAP : 26 000 à 31 000 euros ;

– 1.9 l Multijet diesel Twins Turbo, 190 cv FAP : 30 500 et 33 500 euros.

Les PLUS : Style bien léché, habitabilité, équipements de base, comportement routier sûr, version 120 cv diesel homogène.

Les MOINS : Étagement de boîte (150 cv essence), manque de fermeté de la direction, aspect des matériaux, ajustements perfectibles, confort des sièges (cuir).