Dans « Crime et châtiment » que Dostoïevski commença à écrire en 1865, plus de quinze ans après le début de son incarcération à la forteresse d'Omsk et ces années au cours desquelles il approcha des hommes passés hors de la loi morale ordinaire, une question fait fonction de cur irradiant autour duquel cette uvre polyphonique s'organise : celle du meurtre commis par le jeune étudiant Raskolnikov, qui assassine une vieille usurière parce qu'il s'y croit autorisé par des considérations qui sont bien sûr illusoires.
Il fera tout pour que le juge Porphyre, qui a tout deviné, en vienne à le confondre. Sur son chemin, Sonia, qui se prostitue pour faire vivre sa famille, figure féminine du même désir de sauver les autres en se sacrifiant. Sur son chemin, de très nombreux personnages comme autant de lames d'un jeu qui est d'abord métaphysique. Et qu'il est donc extrêmement difficile de porter à la scène sans en apauvrir la complexité bouleversante.
C'est en 1933 que Gaston Baty en donna la version scénique qui sert de base au travail de Robert Hossein, un travail marqué par son goût pour les récits clairs, les scènes qui se succèdent rapidement, les personnages emblématiques. De la belle ouvrage.
Mais il est difficile, voire impossible, de toucher à la profondeur du propos de Dostoïevski même si certaines scènes nous permettent d'approcher de manière fulgurante les questions qui taraudent l'écrivain. Notamment grâce à Clément Harari, Marmeladov, tout à fait bouleversant.
Chacun, ici, défend avec émotion son personnage. Tout est bien dessiné, avec cette légère distance d'une sonorisation des voix, de la difficulté d'apparitions brèves qui exigent une très grande précision que tient fermement Hossein.
Francis Huster incarne un jeune homme nerveux, aux gestes brusques, torturé, enfiévré, perdu. Jacques Boudet est un juge d'une humanité profonde, subtilement clairvoyant, pas méchant, mais non sans tentation de cruauté à l'égard de cette âme perdue dont il a deviné le désastre.
Théâtre Marigny-Robert Hossein, à 20 h 30 du mardi au vendredi, à 16 h 30 et 21 heures le samedi, à 16 heures le dimanche (01.53.96.70.00). Durée : 2 h 40
entracte compris. L'Avant-Scène publie le texte de l'adaptation.
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