ARTS
A l'heure des poncifs de l'avant-garde, du « non art » et autres tyrannies de la mode, voici un rassemblement d'artistes qui, en dehors de toute consigne historique, poursuivent une démarche solitaire, richement ancrée dans leurs fantaisies imaginatives, leurs fantasmes, la coulée naturelle du quotidien qui y fait ses fêtes et ses plus beaux accords.
L'exposition il pour il, explore « en marge des convenances et des idées reçues, les courants de l'art contemporain et questionne ses sources, ses frontières et surtout ses créateurs ». C'est le règne de l'il sauvage.
En figure de proue, l'étonnant Michel Macréau. Une vie difficile, en marge du confort bourgeois, une production d'une prodigalité imaginative où puiseront les amateurs de tags et même le trop célèbre Basquiat qui n'a fait que reprendre les thèmes et le graphisme très libre, narquois et si proche du graffiti de Macréau. Corneille, un des artisans du groupe Cobra, ne s'y était pas trompé qui avait salué en Macréau un artiste hautement inspiré par le problème du graffiti qu'il avait exploré avant tout autre, et enrichi de son iconographie chevelue, inventant des chevaliers de barbarie, des enseignes de haute dérision.
Dans sa féminité exacerbée, Marie Morel, fille de celui qui fut l'un des plus inventifs éditeurs des années 1970, élabore l'espace pictural comme une sorte de journal intime. C'est drôle, émouvant, répétitif comme un appel, une main tendue, nourri de menues choses qui sont les miettes du quotidien, entre sexualité amusée et poésie funambulesque.
François Monchâtre invente des machines folles, c'est une sorte de Tinguely du papier carton, plutôt porté à réinventer un bestiaire tendre et gouailleur.
René Moreu est, à lui seul, tout un continent, il absorbe toute la poésie de la plage quand la mer s'est retirée, réinvente des blasons de menues choses à l'oubli arrachées. Tableau-autel, reliquaires, blasons de fantaisie.
On ne peut négliger les palais de dentelle de Marie Rose Lortet. Une manière rien qu'à elle de broder de fantaisie des rêves d'architecture.
Dans le même rythme de l'art en vadrouille imaginaire, une belle présentation des uvres de Jephan de Villiers. Tout un monde avec ses repères, ses totems, ses secrets et ses rouleaux d'écriture. On se promène dans ce territoire plus sombre et inquiet que naïf. Il est une sorte de Jérôme Bosch de l'art brut, entre fascination pour l'art africain et celle des vieilles malles des navigateurs. Pour tout public qui aime s'évader dans la contemplation des objets.
Halle Saint-Pierre, 2, rue Ronsard (aux pieds du Sacré-Cur). Jusqu'au 28 juillet.
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