LES LECTEURS du « Quotidien » ont eu l’occasion de découvrir les caractéristiques du ranélate de strontium (Protelos) depuis de nombreux mois. Rappelons en effet que ce produit, qui a obtenu le prix Galien 2005, a fait l’objet de très nombreuses publications et présentations dans des congrès internationaux et qu’il est commercialisé dans plus de 25 pays. La nouveauté importante est donc la mise sur le marché du produit après que le Comité économique du médicament lui a accordé un prix public de 44,44 euros pour une boîte de 28 sachets, alors que la commission de la transparence lui avait attribué dès le mois de mars 2005 une Asmr de niveau III pour les patients de plus de 80 ans et de niveau IV chez les autres. Tous ces éléments expliquent la grande satisfaction manifestée par M. Ermanno Centanni, directeur général de Servier Médical, qui n’a pas manqué de rappeler que l’objectif du Dr Servier était de développer des thérapeutiques originales pour améliorer la prise en charge des patients.
Rééquilibrer le métabolisme osseux en faveur de la formation.
Les RCP de Protelos rappellent que le ranélate de strontium in vitro augmente la formation osseuse par la réplication des précurseurs ostéoblastiques et la synthèse du collagène, et diminue la résorption en réduisant la différenciation des ostéoclastes et leur activité de résorption. Ainsi, Protelos rééquilibre le métabolisme osseux en faveur de la formation. Le Pr Patrick Ammann a montré que le produit améliorait la résistance osseuse non seulement en augmentant la masse osseuse, mais aussi en améliorant les propriétés biomécaniques et l’architecture de l’os, cela, chez le rat.
En effet, des expériences réalisées chez des rates intactes à la dose de 900 mg/kg/jour montrent qu’au bout de deux ans le ranélate de strontium entraîne des augmentations dose-dépendantes de la résistance et de la masse osseuse au niveau du corps vertébral (contenant principalement de l’os trabéculaire, mais aussi au niveau de la diaphyse fémorale contenant principalement de l’os cortical), cela sans modification de la rigidité osseuse. Parallèlement à ces améliorations biomécaniques, on observe des modifications positives de la microarchitecture avec augmentation du volume osseux cortical et trabéculaire, du nombre et de l’épaisseur des travées au niveau de l’os cortical, et augmentation du diamètre de l’os et de l’épaisseur corticale. Un constat qui a été répété sur un modèle de rate ovariectomisée. Dans tous les cas on observe une amélioration significative de la qualité intrinsèque de l’os, ce qui est confirmé par des techniques récentes de nano-indentation. «Autrement dit, conclut le Pr Ammann, Protelos rend l’os plus solide en respectant la structure osseuse, qui reste lamellaire, ainsi que le processus de minéralisation. En un mot, Protelos renforce la résistance osseuse.»
Une avancée et un modèle de développement clinique.
Faisant suite à ces démonstrations précliniques, le développement clinique de Protelos (un modèle selon le Pr Philippe Orcel) a confirmé que ce médicament représentait une avancée importante pour les cliniciens. Le Pr Orcel a particulièrement insisté sur les deux grands essais de phase III qui ont étayé le dossier d’enregistrement : Soti qui a porté sur 1 649 femmes ayant déjà eu au moins une fracture vertébrale et Tropos qui a inclus 5 091 femmes ménopausées ayant ou non des antécédents de fracture vertébrale. Ces études menées en double aveugle contre placebo ont montré qu’au niveau vertébral, quel que soit le stade de l’ostéoporose, Protelos réduisait le risque de première fracture comme celui des récidives ; en ce qui concerne les nouvelles fractures, la diminution des risques est de 49 % à un an et de 41 % à trois ans, sous traitement actif. Il suffit de traiter 9 patients pendant trois ans pour prévenir une fracture vertébrale. Au niveau périphérique, l’étude Tropos met en évidence une diminution de 16 % pour les fractures non vertébrales (p = 0,04) et de 19 % pour les fractures de fragilité majeure (p = 0,031). Si l’on considère les femmes à risque de fracture de hanche (âge égal ou supérieur à 74 ans et T score fémoral bas : moins 2,4 selon la classification Nhanes III) la réduction relative de fracture de hanche atteint 36 % (p = 0,046). Parallèlement, le risque de fracture vertébrale est réduit de 39 % (p < 0,001).
Dans les deux essais, on observe des augmentations significatives de la densité minérale osseuse tant au niveau vertébral (+ 14 %) qu’au niveau de la hanche et du col fémoral (+ 9,8 et + 8,2 %). A côté de cette démonstration pivot, Protelos a aussi révélé une efficacité significative sur la perte de taille, sur les douleurs rachidiennes et sur la qualité de vie. Enfin, conclut le Pr Orcel, l’analyse du sous-groupe de femmes âgées de plus de 80 ans a montré pour la première fois les bénéfices du traitement chez ces femmes très âgées.
Ces bénéfices cliniques ne s’accompagnent pas de problème majeur de tolérance, celle-ci étant tout à fait bonne et comparable à celle observée sous placebo, les effets secondaires étant majoritairement digestifs. Le Pr Philippe Orcel précise qu’il n’existe pas de contre-indication spécifique et qu’une attention particulière doit être portée aux patientes présentant des antécédents thromboemboliques veineux car, dans ce cas, on a décrit des événements thromboemboliques avec une fréquence très faible (0,7 %).
En pratique, Protelos est simple à prendre : 1 sachet de 2 grammes trois heures après un repas, habituellement au coucher, seule l’insuffisance rénale sévère justifiant des adaptations posologiques.
D’après une conférence de presse organisée par les Laboratoires Servier.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature