LES PIGMENTS jaune orangé qui donnent leur couleur si singulière aux staphylocoques dorés joueraient un rôle clé dans la virulence de ces bactéries. Une équipe de chercheurs de l'université de Californie (San Diego) démontre en effet que les souches de Staphylococcus aureus dépourvues du gène codant pour ce pigment sont beaucoup moins virulentes que les souches sauvages. Liu et coll. ont découvert qu'il suffit d'insérer le gène du pigment dans le génome d'un streptocoque pour augmenter significativement son pouvoir pathogène.
Les pigments qui colorent la surface des staphylocoques sont des molécules de la famille des caroténoïdes. Ces substances sont connues depuis longtemps pour leurs propriétés antioxydantes. De multiples études portant sur leur capacité à ralentir le vieillissement et à protéger l'ADN des radicaux libres ont été menées au cours des dernières années. Aujourd'hui, le travail de Liu et coll. révèle que les bactéries peuvent également tirer parti de leur pouvoir antioxydant en augmentant leurs chances de survie dans l'organisme d'un hôte.
Les pigments produits par les staphylocoques dorés conduisent en effet à l'inactivation de facteurs cytotoxiques synthétisés par les cellules neutrophiles. Les bactéries sont ainsi capables de s'opposer au système immunitaire pour survivre et de proliférer.
L'utilisation d'une lignée de staphylocoques mutants n'exprimant par les caroténoïdes a permis aux chercheurs de démontrer que l'absence de pigments sensibilise les bactéries aux agents oxydants et aux peroxydes d'hydrogènes. In vivo, lorsqu'elles sont injectées dans la peau de souris de laboratoires, ces bactéries sont incapables de conduire à la formation d'abcès.
Les chercheurs ont poursuivi leur études en produisant une lignée de « streptocoques dorés ». Il est apparu que ces bactéries mutantes sont beaucoup plus résistantes aux oxydants et aux neutrophiles que les souches de streptocoques sauvages incolores. Chez la souris, elles sont bien plus virulentes que des streptocoques normaux et conduisent à la formation d'ulcères de taille très importante.
Les caroténoïdes des staphylocoques pourraient donc devenir de nouvelles cibles thérapeutiques : en s'opposant à leur activité antioxydante, on pourrait diminuer la résistances des bactéries aux cellules cytotoxiques du système immunitaire.
« Journal of Experimental Medicine » du 17 juillet 2005.
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