Le temps de la médeine
« Les rapports des seniors avec l'argent peuvent être globalement subdivisés en trois entités qui correspondent aux différents états par lesquels les sujets vont peuvent passer au cours du vieillissement : l'autonomie, le passage en maison de retraite et l'apparition de pathologies de la cognition », explique le Pr Jacques Touchon, chef de service de l'unité de neurologie comportementale à l'hôpital Gui-de-Chauliac de Montpellier. Au cours de la première de ces périodes, le signifiant argent renvoie aux signifiés pouvoir et liberté. L'argent représente, même après la mise en retraite, un moyen privilégié de relation avec l'autre (enfants, amis, relations, commerçants...).
Le rapport avec l'argent est soumis aux deux caractéristiques principales du vieillissement : la perte et la fragilisation. « Au moment où le sujet cesse son activité, il doit, dans la grande majorité des cas, faire face à une baisse de la puissance financière concomitante à une limitation de sa puissance sociale et à un amoindrissement de sa force physique. Dans le même temps, les retraités doivent trouver ou retrouver une place au sein de leur structure familiale. Pour que le vieillissement soit réussi, il est indispensable que la personne accepte de faire le deuil de certaines des prérogatives qui étaient les siennes lorsqu'elle était en activité et qu'elle se concentre sur des projets adaptés à cette nouvelle période », explique le Pr Touchon. Dans ces conditions, les relations avec l'argent peuvent devenir harmonieuses, même si les possibilités financières sont plus limitées.
Le passage à l'euro
L'autre volet des liens entre seniors et argent tient au sentiment de fragilisation qui s'accentue généralement avec l'âge. « Cette notion a pris une tout autre dimension avec le passage récent à l'euro. Le changement de monnaie a induit, chez les plus fragiles, une perte de repères inscrits dans le capital sémantique construit depuis plus de quarante ans (lors du passage des anciens aux nouveaux francs) », poursuit le Pr Touchon. La perturbation des référents peut s'accompagner d'un sentiment d'insécurité profonde, d'un déficit narcissique et d'une perte de confiance en soi. Ainsi, certains seniors mis en face d'une moins bonne maîtrise de l'argent vont craindre des possibilités de vol, d'escroqueries et vont, en réponse à cet état de fait, développer un évitement phobique des relations sociales accompagnées d'un retrait et d'un isolement qui tendront à pérenniser la situation.
« Le passage en maison de retraite constitue un pas de plus dans la perte d'autonomie financière du senior. En raison du coût élevé de ces établissements, la plupart des personnes voient leur latitude financière baisser de façon nette. Ils ne sont plus amenés qu'à gérer leur argent de poche », explique le Pr Touchon. Le pouvoir financier de ces personnes et la place de l'argent comme outil relationnel sont encore abaissés. Le renoncement à la manipulation de l'argent doit être considéré par la famille comme par les soignants comme le signe d'un renoncement au monde et aux relations sociales et il est nécessaire de le prendre en considération dans le cadre de la prise en charge globale.
Gérer son budget
Lorsque la perte d'autonomie s'installe, le rapport à l'autre devient encore plus difficile. Le Pr Touchon souligne, « dans l'étude PAQUID, il a été prouvé que la difficulté à gérer son budget représente l'un des premiers signes prédictifs de l'apparition future d'une démence ». C'est donc au cours de cette période que des mesures de protection des biens - sauvegarde, curatelle, tutelle - peuvent être envisagées. « Mais cette inscription de l'argent dans la relation à l'autre, par le biais de la désignation d'une tierce personne, peut réveiller ou cristalliser des conflits familiaux. L'argent devient alors un prétexte à la réactivation de relations difficiles centrées sur la notion de perte (décès de la personne âgée mais aussi perte du pouvoir sur cette personne). »
32 jours de vacances, en moyenne
Près de 60 % des Français partent en vacances. Celles des seniors (60 ans et plus) durent en moyenne 32 jours, soit dix de plus que celles des actifs, selon les statistiques de l'INSEE. Ils aiment les circuits (10 % de leurs séjours de vacances) et préfèrent les transports collectifs à la voiture : ils utilisent deux fois plus souvent le train et presque trois fois plus le bateau et l'autocar que l'ensemble de la population des vacanciers.
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