L 'ARC a décidé de modifier le financement des projets de recherche, pour répondre « aux nouvelles exigences de la recherche actuelle et future en cancérologie ». Comme le souligne Michel Lucas, son président, « Jusqu'à maintenant, les financements alloués par l'ARC s'étalaient sur un grand nombre de projets, ayant pour conséquence une insuffisance de visibilité pour les donateurs et surtout rendant difficile la communication sur l'évaluation des projets soutenus. »
Certes, ces dernières années, les financements avaient été recentrés sur des projets innovants, importants, permettant à plusieurs chercheurs de travailler ensemble, « mais cette orientation semblait encore insuffisante ». De là est né, en mars 2000, le projet ARECA, un réseau qui, à travers des pôles pluridisciplinaires regroupant des biologistes, des chimistes, des informaticiens, des médecins... devrait « donner un coup d'accélérateur à la recherche contre le cancer », en permettant un travail en commun à tous ces chercheurs sur des programmes de recherche. Cent millions de francs sur trois ans sont engagés par l'ARC pour les dix pôles de recherche envisagés au sein de ce réseau. Au sein de chaque pôle, la gestion des crédits accordés par l'ARC sera, selon les vux de l'association, sous l'autorité, la responsabilité d'un institut public (Paris-VI, CEA, CNRS, directeur de recherche d'un CHU).
ARECA apparaît comme un réseau adapté aux voies actuelles de la recherche sur le cancer directement liées au décryptage récent complet du génome humain qui, comme le précise le Pr H. Fridman, est « un moment stratégique de l'histoire de la recherche ». Le réseau ARECA a été constitué pour aller dans cette mouvance, en s'intéressant principalement au postgénome pour pouvoir intervenir sur celui-ci. ARECA « doit cristalliser toutes les recherches » dans des domaines très différents (biologie, chimie, clinique...) pour mettre en commun « un continuum de recherches » permettant d'isoler les protéines importantes dans le développement des cancers à forte incidence sur la santé publique (poumon, sein, gastro-intestinal, gynécologique, hématologique), d'identifier les gènes impliqués et de comprendre leur rôle, de cerner l'interaction de la tumeur avec les tissus environnants, de créer des modèles animaux et d'élaborer des outils thérapeutiques.
Tous les programmes développés dans les différents pôles du réseau visent à définir des orientations thérapeutiques nouvelles : identification des médicaments ayant pour cibles des gènes ou des protéines impliqués dans les cancers, de médicaments ayant la propriété de n'agir que sur les cellules malades, comme les traitements portant sur les médiateurs du système immunitaire qui interagissent avec le cancer et les capillaires alimentant la tumeur.
Cette initiative de l'ARC est particulièrement bien accueillie par la communauté scientifique, qui voit dans ce réseau une possibilité accrue d'échanges d'informations entre des équipes de compétences et d'horizons très différents (CNRS, INSERM, ENS, universitaires, industriels) alliées autour d'objectifs et de projets communs déterminés par un conseil scientifique et évalués dix-huit mois plus tard par des experts scientifiques indépendants.
Cinq pôles d'ARECA (voir encadré) sont en place sous la responsabilité d'un coordonnateur et certains ont déjà commencé leur programme de recherche. D'autres pôles vont prochainement se mettre en place, travaillant sur des thèmes de recherche différents, en clinique, en épidémiologie, en imagerie médicale
Précisons que, outre le financement accordé au réseau ARECA, l'ARC poursuivra des actions habituelles, subventions à des équipes de recherche, bourses à de jeunes étudiants, financements pour l'achat d'équipements de haute technologie.
Cinq pôles en place
- Pôle donction des gènes, de Marseille-Lyon-Strasbourg, coordonné par le Pr Bernard Malissen.
- Pôle protéomique et cancer, de Toulouse, coordonné par le Pr G. Delsol.
- Pôle biologie structurale et cancer, de Grenoble, coordonné par le Pr M. Van Der Rest.
- Pôle thérapeutiques ciblées in vivo, de Paris, coordonné par le Pr Hugues de Thé.
- Pôle micro-environnement tumoral, de Paris, coordonné par le Pr H. Fridman.
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