Les médecins généralistes ont-ils le temps de se pencher sur la santé au travail ?
En effet, le médecin généraliste déjà débordé devrait consacrer du temps à l’aptitude ! Cette tentative de simplification ne respecte pas totalement les contenus métiers. Ne mélangeons pas trop les choses, on fait peser beaucoup de choses sur les épaules des médecins généralistes, sur lesquels on empile les responsabilités. Cette perspective de simplification n’est peut-être pas un bon choix. Il faut la préparer avec la profession, en parler avec généralistes, les médecins du travail et leurs représentations professionnelles. C’est quelque chose à construire qu’il n’est pas possible de décréter de façon aussi brutale. On ne peut pas galvauder la santé des personnes au travail. Cela me semble fondamental. Un médecin formé est un meilleur garant de cette qualité de vie au travail, qu’une mesure dite simplificatrice. Globalement nous sommes assez réservés même si nous considérons que les médecins du travail et les généralistes peuvent naturellement collaborer, travailler ensemble.
Disposent-ils de l’expertise requise ?
Nous sommes très vigilants sur cette tentative de délégation des visites annuelles aux médecins généralistes. Être médecin du travail, c’est une spécialité mais c’est avant tout une formation, une compétence professionnelle reconnue qui permet à ces professionnels d’appréhender la totalité des risques au travail et les conditions précises dans lesquelles un salarié, quel qu’il soit, peut exercer sa mission. C’est un métier, cela ne s’invente pas. Il y a des indications, des contre-indications, des réserves, l’aptitude ne se décide pas sur un coup de tête. Les médecins généralistes sans formation spécifique pourraient se retrouver bien démunis dans leurs cabinets.
Quel est selon vous l’avenir de ces spécialistes ?
Au moment où nous cherchons désespérément à créer de la prévention dans le système libéral, car elle n’existe pas, dommage que là où elle existe elle ne soit pas utilisée. Dans le monde salarié, celui de l’entreprise comme à l’hôpital public, il serait dommage de voir se confirmer le désintérêt des professionnels pour cette médecine de prévention. Les chiffres le démontrent, la santé au travail fonctionne et tout ce qui peut correspondre à prévenir plutôt qu’à traiter les conséquences d’un risque doit être favorisé. Le conseil de l’Ordre est un grand promoteur d’une prise en charge précoce et d’une prévention bien adaptée.
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