L'apport thérapeutique du stiripentol

Publié le 04/06/2008
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AU SEIN des médicaments destinés aux maladies rares, un anti-épileptique, le stiripentol (Diacomit), découvert par le centre de recherche Biocodex, a été récompensé par le prix Galien 2008. Plus précisément, le stiripentol a obtenu une AMM européenne dans le traitement de l'épilepsie myoclonique sévère du nourrisson (EMSN), une affection rare, également dénommée syndrome de Dravet.

Un rappel de la sémiologie de cette pathologie peut n'être pas inutile. Elle se caractérise par des crises convulsives cloniques ou tonico-cloniques, spontanées ou provoquées par l'hyperthermie. Elles débutent généralement au cours de la première année de vie. L'évolution se fait vers l'aggravation progressive, avec apparition de troubles du comportement, de la cognition et de la motricité. Cet ensemble conduit au retard mental.

Au plan épidémiologique, le syndrome de Dravet concerne 1 naissance sur 40 000. Il représente 7 % des épilepsies sévères de l'enfant de moins de 3 ans.

Les traitements par antiépileptiques classiques contrôlent mal l'affection. Les essais ont d'ailleurs été réalisés chez des enfants insuffisamment traités par ces thérapeutiques.

Soixante et onze pour cent de répondeurs.

L'étude pivot (Chiron et coll., « The Lancet » 2000, 1638-1642) a porté sur 41 enfants déjà traités par valproate de sodium et clobazam. Pendant 2 mois, vingt et un d'entre eux ont reçu, en sus, du stiripentol. L'objectif principal de l'étude était une diminution de 50 % des convulsions cloniques ou tonico-cloniques. Au terme de la période de deux mois, les investigateurs ont relevé 71 % de répondeurs (15 cas) dans le groupe stiripentol. Neuf d'entre eux étaient totalement indemnes de crises, contre un seul dans le groupe témoin.

Au plan de la posologie, elle est habituellement de 50 mg/kg de poids corporel, en deux ou trois prises quotidiennes. La dose optimale est atteinte après un processus de titration. Il apparaît que l'ajout du stiripentol ne justifie pas de modification des doses de valproate de sodium, alors qu'il peut être nécessaire de réduire celles de clobazam.

Reste la tolérance. Les études, menées tant en France qu'en Italie (Stev et Sticlo), confirment la bonne tolérance du produit. Lorsqu'ils surviennent, les effets indésirables sont corrigés par une adaptation des doses.

Quant à l'âge de la prescription, les études ayant été réalisées, pour la plupart, chez des enfants de plus de 3 ans, l'administration à de plus jeunes enfants est le fait de milieux spécialisés, après évaluation au cas par cas.

Au plan pharmacologique, le stiripentol est une molécule originale. Il n'est apparenté à aucune famille d'antiépileptiques. Et, fait à souligner, cette molécule innovante et orpheline est issue du centre de recherche d'un laboratoire français, Biocodex. Il convient également de relever que sa mise au point a été rendue possible grâce à l'implication des équipes de l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul, à Paris.

Avec ce prix Galien 2008, la récompense obtenue apparaît pleinement justifiée. De fait, Diacomit est une molécule originale, apportant une réponse thérapeutique à une affection rare, l'épilepsie myoclonique sévère du nourrisson, lourde de conséquences et pour laquelle n'existait pas de solution thérapeutique satisfaisante.

> Dr GUY BENZADON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8385