Le lenalidomide dans le myélome multiple

L’apport d’un analogue du thalidomide

Publié le 10/09/2006
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BIEN QUE les chimiothérapies intensives couplées aux greffes de moelle osseuse aient amélioré la durée de survie sans rechute dans les myélomes multiples (MM), seulement de 5 à 10 % des patients sont encore en vie à dix ans. Près d’un tiers des myélomes diagnostiqués ne répondent pas à une chimiothérapie et presque tous les répondeurs à un quelconque traitement rechutent. Après une rémission, en cas de rechute, seulement environ 60 % des patients répondent au traitement inducteur de la rémission. Pour ceux réfractaires aux chimiothérapies classiques, et pour ceux en rechute, l’arrivée de nouveaux agents est très attendue, Revlimid (lenalidomide) représente un de ces espoirs.

Cet immunomodulateur oral (25 mg en monoprise quotidienne dans le cadre de protocoles cycliques), analogue du thalidomide, agit selon différents mécanismes encore imparfaitement élucidés. Il module la production de cytokines anti-inflammatoires, stimule les réponses immunitaires, induit la prolifération des lymphocytes T, augmente l’activité des natural killers et inhibe la prolifération de lignées cellulaires hématopoïétiques malignes et l’angiogenèse.

Aux Etats-Unis, il est indiqué dans les anémies transfusions-dépendantes des syndromes myélodysplasiques associés à une délétion 5q, et une demande est prévue pour l’Europe. Différentes données de la recherche clinique qui se poursuit ont été présentées lors du 11e Congrès de l’EHA*.

Myélome en rechute ou réfractaire.

Deux essais multicentriques (international : MM-010, et nord-américain : MM-09) randomisés en double aveugle ont été menés chez plus de 700 patients ayant un myélome en rechute ou réfractaire à un ou à plusieurs traitements souvent lourds (près de la moitié avaient eu une transplantation de cellules souches). Ils ont comparé l’association lenalidomide-hautes doses de dexaméthasone à la dexaméthasone + placebo. Ils montrent pour le groupe Revlimid un bénéfice significatif sur la survie globale et le délai de progression.

Le Pr M. Dimopoulos (Grèce), détaillant les résultats de l’essai international, souligne que la médiane de survie globale n’est pas atteinte en juin 2006 dans le groupe lenalidomide, alors qu’elle est déjà observée après 20 mois dans le groupe dexaméthasone seule. Le délai moyen de progression de la maladie est de 11 mois pour l’association lenalidomide contre 5 mois ; le taux de réponse globale est de 59 % (contre 24 %), de réponse complète de 15 % (contre 3,4 %).

Les effets secondaires les plus fréquents sont des troubles digestifs et une neutropénie (significativement plus fréquente en cas de délétion 5q). On observe dans les deux groupes 5 % de thromboses veineuses profondes et 4 % (lenalidomide contre 1 %) d’embolies pulmonaires. L’éventuelle prescription chez les femmes en âge de procréer doit tenir compte du risque tératogène de cet analogue du thalidomide.

Le délai de progression.

Chez les 63 patients n’ayant reçu qu’un seul autre traitement antérieur, les résultats étaient meilleurs sur la réponse (67 % et 33 % ; complète : 27 % contre 3 %), le délai de progression, avec un avantage pour le groupe lenalidomide ; pas de progression au moment de l’analyse, dexaméthasone seule : 5 mois.

Un essai préliminaire de phase II en ouvert a été mené pour un nombre limité (16 évaluables) de lymphomes non hodgkiniens agressifs réfractaires en rechute, ayant déjà reçu en moyenne 2,5 traitements. Revlimid a permis une réponse tumorale objective dans près d’un tiers des cas, dont une réponse complète (lymphome diffus à grande cellule) à confirmer ; les délais de survie sans progression allaient de 55 à 242 jours.

Celgène International Sarl dont le siège est désormais en Suisse, à Neuchâtel, développe une recherche importante dans les médicaments innovants pour les traitements des cancers et des maladies inflammatoires.

* 11e Congrès de l’European Hematology Association, Amsterdam, conférence de presse organisée par Celgène International.

> Dr JANINE DEFRANCE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8005