Dans la moitié des cas, environ, les reflux gastro-oesophagiens (RGO) ne sont pas acides et ne sont donc pas détectés par la pH-métrie. L'impédancemétrie est une nouvelle approche diagnostique, utilisée désormais depuis une année dans cinq centres en France, dont l'intérêt majeur réside dans sa capacité à détecter tous les types de reflux, acides, bien sûr, mais surtout non acides.
L'IMPEDANCEMETRIE, nouvelle méthode diagnostique du RGO développée depuis quelques années et désormais utilisée dans cinq centres en France, permet de détecter tous les types de reflux, qu'ils soient acides, gazeux ou mixtes, explique le Pr Philippe Pouderoux (CHU de Nîmes).
La physiologie du RGO est aujourd'hui mieux comprise grâce au recours à l'impédancemétrie. Des études récentes ont ainsi permis de mettre en évidence la survenue, chez des volontaires sains, de 40 à 50 reflux par jour, dont seulement un peu plus de la moitié sont des reflux acides (pH < 4). Dans l'autre moitié des cas, le reflux n'est pas acide et n'aurait pas été détecté par une simple pH-métrie. Ces reflux non acides ont un pH entre 4 et 7 : se sont donc des reflux faiblement acides ou faiblement alcalins, mais ce ne sont pas des reflux alcalins ou bilieux. Les reflux surviennent dans la grande majorité des cas en position debout et sont accompagnés de reflux de gaz (reflux mixte : liquide et gazeux).
Chez les patients traités par inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), le nombre de reflux diminue et 90 % sont non acides. Ce qui est tout à fait logique du fait du bon contrôle de l'acidité par les IPP.
Ainsi, chez un patient dont les symptômes de reflux (pyrosis, régurgitations) ne cèdent pas ou incomplètement sous IPP, la réalisation d'une impédancemétrie permettrait de mieux poser une éventuelle indication chirurgicale. « Si la survenue des symptômes est corrélée au reflux non acide objectivé en impédancemétrie, il serait alors plus facile de confier le patient au chirurgien, car on pourrait alors être plus confiant sur l'issue de la chirurgie », précise le Pr Pouderoux.
L'apport de l'impédancemétrie chez les patients qui ont des symptômes de reflux atypiques est, en revanche, moins documenté. Si seulement 15 % des reflux non acides s'expriment par des symptômes typiques, pyrosis, notamment, on estime que des reflux non acides sont à l'origine de 30 à 40 % des RGO s'exprimant par une toux.
« Les manifestations ORL du RGO font l'objet de nombreuses recherches, car il est très souvent difficile d'établir de façon formelle le lien entre les symptômes et le reflux. Car ces symptômes ne sont absolument pas spécifiques, rappelle le Dr Pouderoux. De même, en raison d'un effet placebo élevé, il faut être prudent dans l'interprétation des résultats des tests thérapeutiques à visée diagnostique. Nous avons donc besoin d'outils plus fiables et l'impédancemétrie en constitue un.
Cet examen quitte progressivement le domaine de la recherche, pour intégrer celui de la pratique quotidienne ; l'une des limites tient actuellement au temps nécessaire à l'analyse des données. Il faut également noter que l'impédancemétrie serait plus sensible que la manométrie pour détecter les troubles de la vidange œsophagienne à l'origine de dysphagie inexpliquée. »
Toujours dans le domaine du RGO, on assiste actuellement à un grand engouement pour les techniques de traitement endoscopique du reflux. En effet, la chirurgie n'est pas exempte d'effets indésirables, parfois très gênants, tels que ballonnements ou dysphagie, très difficiles à traiter.
Un certain nombre de nouvelles techniques sont développées ; la technique de suture endoscopique a été abandonnée en raison de la brièveté de ses bénéfices ; ainsi que l'injection de polymère ou la mise en place de prothèses. La radiofréquence se développe progressivement. D'autres techniques émergentes sont en cours d'évaluation.
Enfin, au chapitre des nouveautés, il faut citer le développement d'endoscopes dotés de zooms performants qui permettent de visualiser des altérations minimes de l'œsophage distal pouvant être en relation avec un reflux.
D'après un entretien avec le Pr Philippe Pouderoux, président de la session « New Tools for Diagnosis and Assessment of GORD ».
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