PRATIQUER une allogreffe de moelle à partir d'un frère ou d'une soeur HLA identique permet, par rapport à l'autogreffe, d'améliorer le pronostic des moins de 65 ans atteints de myélome. Dans une série de 162 patients traités soit par double autogreffe, soit par un protocole autoallogreffe familiale, la survie globale et la survie sans événements étaient significativement majorées lorsqu'une greffe familiale était pratiquée (80 contre 54 mois et 65 contre 29 mois) après un suivi médian de 45 mois.
Actuellement, le protocole retenu par les sociétés savantes d'oncologues comprend une chimiothérapie à dose élevée, suivie d'une autogreffe de cellules hématopoïétiques. Mais le suivi à dix ans des patients qui ont reçu ce type de traitement montre un taux de récidive particulièrement important, en rapport avec l'impossibilité d'éradiquer l'ensemble des cellules myélomateuses présentes. Des études sur de faibles effectifs, dans lesquelles des protocoles fondés sur une allogreffe de cellules souches ont été testés, concluent à un meilleur pronostic en raison probablement de l'effet direct du greffon contre le myélome. Mais, en raison du risque élevé de mortalité des greffes allogéniques, cette piste thérapeutique n'avait pas encore été explorée sur un effectif important de patients.
Myélome de stade II ou III.
Un groupe d'oncologues italiens a mis en place entre 1998 et 2004 une étude chez 245 patients consécutifs de moins de 65 ans, chez qui un diagnostic de myélome de stade II ou III a été posé. Le but de ce travail : définir si la pratique d'une allogreffe avec la moelle d'un frère ou d'une soeur HLA identique permet d'améliorer le pronostic à court et moyen terme. Sur les 245 malades, 199 avaient au moins un frère ou une soeur en vie et 162 d'entre eux ont accepté de subir un test HLA. Sur ce nombre, un membre de la famille présentant une identité HLA a été retrouvé pour 80 patients et une allogreffe a pu être réalisée pour 60 d'entre eux. Parmi les 82 autres patients, 46 ont été traités par un protocole de double autogreffe de moelle.
L'ensemble des sujets inclus a été traité dans un premier temps par une chimiothérapie d'induction (vincristine, doxorubicine, dexaméthasone). Puis des cellules souches, mobilisées par du G-CSF (Granulocyte Colony-stimulating Factor) et extraites du sang périphérique, ont été collectées dans les semaines qui ont suivi la première chimiothérapie. Les patients ont ensuite été traités par cyclophosphamide, associé ou non à du paclitaxel, avant de recevoir la première greffe autologue. La deuxième greffe – autologue ou hétérologue – a été pratiquée après une irradiation corps total de 200 Gy.
Dans le groupe des patients du groupe autogreffe-allogreffe, 36 % étaient en rémission complète après 38 mois de suivi. Quatre des patients de ce groupe étaient décédés des complications de la greffe et un total de douze patients sont morts (dont quatre de la progression de leur myélome et deux de cancer pulmonaire). Dans le groupe transplantation autologue-autologue, à l'issue des 53 mois de suivi, seulement quatre étaient en rémission complète. Vingt-quatre des quarante-six patients du groupe sont décédés pendant la durée du suivi et vingt et un des décès étaient en rapport avec la progression de la maladie.
« New England Journal of Medicine », 356 ; 11, pp. 1110-1120, 15 mars 2007.
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