I L y a quatre ans, un essai randomisé hongrois portant sur les effets d'une supplémentation polyvitaminique périconceptionnelle avait mis en évidence un risque accru de fausse couche (plus 16 %). Du fait de la présence de 800 microg d'acide folique dans ce supplément, se posait alors la question de l'innocuité des apports recommandés de 400 microg/j d'acide folique avant et durant la grossesse pour réduire le risque de non-fermeture du tube neural. Mais les possibilités de trouver une cohorte suffisamment importante de femmes enceintes pour vérifier ce résultat étaient rares.
Une récente campagne du ministère de la Santé chinois vient de fournir la population idéale : 23 806 nullipares jeunes (moins de 29 ans) réparties dans trois provinces et s'apprêtant à se marier ou à avoir un enfant. Toutes ont été incluses dans le programme de supplémentation par 400 microg/j d'acide folique, sans autres vitamines ou minéraux, du premier jour d'entrée dans l'étude jusqu'à la fin du premier trimestre de grossesse.
Chaque mois, des travailleurs sociaux menaient une enquête « policière » sur la réalité des prises, l'existence d'une grossesse et son stade. Toute fausse couche spontanée était retenue, à condition d'avoir une preuve biologique de la grossesse et que la mort foetale soit survenue avant un âge gestationnel de 20 semaines.
9,1 % de fausses couches
Au total, 2 155 femmes enceintes pour la première fois ont fait une fausse couche. Ce taux de 9,1 % n'était pas significativement différent de celui des femmes chinoises non supplémentées en acide folique, avant et après ajustement, selon le niveau d'éducation et l'activité professionnelle. Il n'a pas non plus été trouvé de différence portant sur l'âge gestationnel au moment de la fausse couche entre les deux catégories de femmes (âge moyen de 58 jours avec acide folique versus 62 jours).
Ces résultats semblent définitivement disculper l'acide folique, d'autant que le taux moyen de fausses couches, ajusté sur le jeune âge maternel des chinoises, correspond approximativement aux chiffres retrouvés dans d'autres pays du monde. Comment, dans ce cas, interpréter les résultats discordants des autres études sur le sujet ? Il a, en effet, été décrit une augmentation du taux de fausses couches à la fois en cas de supplémentation folique et en cas de déficit. Des variations portant sur l'âge des mères, la nature exacte des suppléments vitaminiques, la date de début, la durée et la nature exacte de la supplémentation peuvent avoir modifié les résultats. Il est également possible que l'acide folique améliore la viabilité de foetus qui seraient, dans d'autres cas, morts avant même de pouvoir mettre en évidence une fausse couche.
Jacqueline Gindler et coll., « The Lancet », vol. 358, 8 septembre 2001.
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