LA CONFÉRENCE mondiale sur le paludisme, première de cette importance, a réuni à Yaoundé 1 500 participants, chercheurs, responsables, bailleurs de fonds et organisations non gouvernementales. Ont été évoqués la nécessité de maintenir l'effort de prévention axée sur la distribution de moustiquaires, l'utilisation des nouvelles combinaisons à base d'artémisinine, efficaces contre les formes résistantes de paludisme, de même que l'espoir suscité par les résultats d'un suivi à dix-huit mois du candidat-vaccin antipalustre mis au point par les Laboratoires Glaxo-SmithKline (« le Quotidien du 17 novembre). En dépit d'une efficacité de seulement 30 % (au bout de dix-huit mois, les enfants vaccinés ont un risque d'infection abaissé de 29 %), il est désormais possible de contrôler la pandémie grâce à l'immunisation.
Douze milliards en moins.
Mais si certains pays ont réussi à réduire de moitié la morbidité et la mortalité dues au paludisme, « les objectifs contenus dans la déclaration d'Abuja d'avril 2000 n'ont pas été atteints ». Le Partenariat « Faire reculer le paludisme » (Roll Back Malaria) lancé en 1998 par l'OMS (Organisation mondiale de la santé, l'Unicef (Fonds des Nations unies pour l'enfance), le Pnud (Programme des Nations unies pour le développement) et la Banque mondiale - qui a organisé, à cette occasion, son 5e Forum - insiste sur l'ampleur que revêt encore l'épidémie, son impact dévastateur sur les enfants et les femmes enceintes et ses conséquences économiques dans les pays africains. « Toutes les 30 secondes, un enfant meurt du paludisme, ce qui signifie au moins 3 000 morts par jour et plus d'un million par an », rappellent ses experts.
En termes de développement, cela se traduit par une « réduction de 12 milliards de dollars chaque année du PIB africain », notent-ils encore.
En regard de ce constat, la mobilisation de fonds demeure insuffisante : « Le niveau actuel des dépenses mondiales n'atteint que 20 % des 3 milliards de dollars estimés nécessaires chaque année », déplore le Partenariat, qui regrette aussi « l'absence de perspective à long terme des financements ».
Le communiqué final, rédigé à l'issue de la Conférence, est un appel à tous : « Nous avons préféré conclure ces travaux par un appel à l'action au lieu de déclarations, comme par le passé, qui n'ont pas été toujours suivies d'actions », souligne le ministre camerounais de la Santé, Urbain Olanguena Awonoet.
« L'appel de Yaoundé », qui reconnaît que l'attention accrue portée au niveau mondial sur les questions de développement et de réduction de la pauvreté exprimée dans les objectifs du millénaire pour le développement, a créé une occasion sans précédent, se termine par l'adoption d'un programme d'action en trois points. Les gouvernements s'engagent à élaborer et à mettre en œuvre des plans de lutte intégrés dans leurs politiques nationales. Tous les autres partenaires, en accord avec les principes admis à Paris en mars 2005 (Forum de la Banque mondiale sur l'aide au développement), devront aligner leur soutien aux Etats sur les stratégies nationales et harmoniser leurs procédures de planification, de financement, de décaissement, de suivi et d'évaluation. Enfin, les progrès accomplis seront suivis et évalués de façon commune.
Tous s'engagent par ailleurs à prendre leur part dans la mise en œuvre du Plan stratégique mondial 2005-2015 élaboré par l'initiative « Faire reculer le paludisme ».
Les objectifs du plan sont de faire en sorte qu'en 2010 80 % des personnes à risque soient protégées, que 80 % des malades atteints de paludisme soient diagnostiqués et traités sous 24 heures et que le fardeau du paludisme soit réduit de 50 % par rapport à 2000. Et d'ici à 2015, les taux de morbidité et de mortalité du paludisme devront être réduits de 75 % par rapport à 2005, tandis que seront atteints les objectifs du millénaire.
* Le Partenariat rassemble désormais les gouvernements des pays touchés, leurs partenaires de développement bilatéraux et multilatéraux, le secteur privé, des ONG, des fondations, des instituts de recherche et des établissements d'enseignement supérieur.
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