C'est en mai 1905 que Matisse s'installe à Collioure, au bord de la Méditerranée, dans les Pyrénées-Orientales, pour passer l'été. Il sera rejoint quelques mois plus tard par André Derain. Pendant plusieurs semaines, ils travailleront ensemble, dans une étroite complicité. De cette amitié stimulante et féconde, naîtront bientôt des toiles ardentes, éclatantes, envahies de soleil.
La belle exposition de Céret rassemble une centaine de ces œuvres, confrontées à des photographies de l'époque. Les sujets s'inspirent de la vie quotidienne du petit port catalan : barques de pêche et voiliers, couchers de soleil sur la Méditerranée, toits rouges de la ville inondés de chaleur et de lumière, magnifiques paysages des collines et des baies environnantes, scènes typiques du port (nettoyage des voiles, femmes au bord de l'eau)... La couleur règne en maîtresse sur ces compositions. Intense, pure et libérée, elle se déploie en feux d'artifice, en une multitude de petites explosions fractionnées, ou en aplats de tonalités pures. « Travaillant devant un paysage exaltant, je ne songeais qu'à faire chanter mes couleurs, sans tenir compte de toutes les règles et les interdictions », écrivait Matisse. Affranchis de toute contrainte, galvanisés par cette nature généreuse, les yeux enflammés de contrastes fulgurants, Matisse et Derain laissent aller leur pinceau, n'écoutant que l'enthousiasme qui les anime. De retour à Paris, les deux peintres exposèrent leurs toiles de Collioure. À la vue de ces tonalités ardentes, les critiques employèrent l'expression de « cage aux fauves ». Le fauvisme et l'art du XXe siècle étaient nés.
« Matisse-Derain. Collioure 1905, un été fauve ». Musée d'Art moderne, 8, boulevard du Maréchal-Joffre, 66400 Céret. Tél. 04.68.87.27.76. Jusqu'au 2 octobre.
Publications :
- Catalogue de l'exposition, éd. Gallimard, 304 p., 45 euros.
- Hors série « Découvertes Gallimard », 7,5 euros.
A noter : l'exposition sera présentée du 22 octobre 2005 au 22 janvier 2006, au Musée Matisse du Cateau-Cambrésis.
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