L'allèle epsilon 4 du gène de l'apolipoprotéine E avait déjà mauvaise réputation ; les choses ne vont pas s'arranger. Connue depuis des années pour son association avec les maladies cardio-vasculaires, la maladie d'Alzheimer et les démences d'origine vasculaire, l'allèle vient d'être mis en cause dans le déclin cognitif non pathologique.
Le résultat, publié dans « Nature », provient d'une étude écossaise menée chez des personnes nées en 1921 qui avaient déjà participé, en 1932, à la Scottish Mental Survey. A l'époque, un test cognitif avait été effectué : le Morray House Test, qui comporte 45 questions de raisonnement verbal et non verbal. Soixante-dix ans plus tard, ce même test (validé quel que soit l'âge) a été refait, parallèlement à un génotypage apoE.
Un groupe de 466 personnes a finalement pu être analysé, toutes autonomes et ne présentant apparemment aucune affection mentale. Alors que la présence d'un allèle epsilon 4 n'avait aucune influence à l'âge de 11 ans, elle se solde, soixante-dix ans plus tard, par une diminution significative du QI : 97 contre 101,1 chez les participants epsilon 2 ou epsilon 3. Sont également prédictifs du score à 80 ans, le score initial, et le sexe (il n'est pas précisé dans quel sens). Les maladies cardio-vasculaires, en revanche, semblent sans effet sur le déclin cognitif non pathologique.
On note enfin que la corrélation entre epsilon 4 et déclin cognitif n'est vraisemblablement pas liée à l'existence d'une démence débutante chez certaines personnes testées. Cette corrélation persiste en effet après élimination des personnes présentant un déclin cognitif supérieur à 2 DS entre 11 et 80 ans. C'est bien de déclin cognitif normal dont il s'agit. Même s'il n'aboutit pas à une situation proprement médicale, epsilon 4 a tout d'une mauvaise pioche.
I. J. Deary et coll., « Nature », vol. 418, 29 août 2002.
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