DEPUIS NEUF MOIS, la direction de l'AP-HP travaille d'arrache-pied pour améliorer l'organisation de ses services d'urgences l'été. Le lendemain de la présentation par le ministre de la Santé d'un plan national anticanicule, l'établissement francilien, qui accueille en urgence près d'un million de personnes chaque année, et qui, au plus fort de la crise en août 2003, a hospitalisé jusqu'à 2 050 personnes en une semaine, a organisé un colloque permettant de faire le point sur les moyens déployés pour améliorer la prise en charge des patients aux urgences, en amont et en aval.
L'objectif de ce plan d'action interne à l'AP-HP, « qui s'inscrit dans le plan canicule gouvernemental », est de « permettre à toute personne arrivant cet été dans l'un de nos services d'urgences, d'être hospitalisée dans le même hôpital, ou dans un hôpital très proche », a expliqué la directrice générale de l'AP-HP, lors de ce colloque. Pour ce faire, Rose-Marie Van Lerberghe entend « mettre les moyens qu'il faut où il faut ». Ce qui, selon elle, implique « un changement significatif de philosophie » de la prise en charge des patients : « Au lieu de partir de la fermeture des lits et des congés des personnels, et d'adapter l'organisation hospitalière en conséquence, la direction de l'AP-HP a invité ses établissements à partir des besoins », a déclaré la directrice générale de l'AP-HP.
Pour garantir une offre de soins continue et de qualité cet été, la direction souhaite maintenir un niveau de présence suffisant. Conséquence pour le personnel : les congés devront être étalés entre juin et septembre.
Des soignants mobiles.
Autre nouveauté : les agents, pour la première fois, goûteront à la mobilité, de manière à renforcer les équipes des services sollicités en période estivale. Sont jugés « prioritaires », la néonatalogie, la réanimation, la médecine polyvalente, les soins de suite et de réadaptation. Illustration par la directrice : « Les soignants travaillant habituellement dans des services ayant une moindre activité en août (ophtalmo, ORL), se verront, par exemple, proposer d'aller dans des services de médecine ou de gériatrie » au sein du même hôpital. La direction espère que des volontaires se présenteront, mais n'exclut pas de se montrer « plus directive » quant au ciblage des effectifs.
On retrouve cette même logique, basée sur les besoins des malades, pour les fermetures de lits. La direction estime à 20 126, le nombre de lits ouverts à l'AP-HP à la fin du mois de juin prochain. Les prévisions de fermetures (6 % en juillet et 17 % en août) ne sont pas définitives ; elles peuvent s'adapter d'ici là en cas de besoin, promet la direction.
Reprenant une idée suggérée la veille par Philippe Douste-Blazy, Rose-Marie Van Lerberghe a par ailleurs qualifié d' «opportunité bienvenue » la possibilité pour les infirmières de dépasser leur quota d'heures supplémentaires en cas de canicule. Le Dr Patrick Pelloux, urgentiste à Saint-Antoine, est intervenu pour mettre en garde sa directrice : « Une telle mesure doit être négociée avec le personnel. A force de tirer sur la corde, elle va finir par casser », a dit le président de l'Amuhf, dénonçant au passage le manque de moyens et de personnels qu'il observe « quotidiennement » à Saint-Antoine.
La directrice a répliqué que la mise en œuvre du plan urgences avait été accélérée à l'AP-HP. D'après le Pr Didier Houssin, directeur de la politique médicale de l'AP-HP, la totalité des 56 postes de médecins urgentistes et la plupart des 140 postes de personnels non médicaux créés à l'AP-HP grâce au plan urgences seront pourvus avant cet été.
Certains médecins libéraux, notamment de la garde médicale de Paris et de SOS-Médecins Ile-de-France, ont pour leur part regretté de ne pas avoir été associés à la réflexion ayant conduit à l'élaboration du plan d'action de l'AP-HP. « La coordination avec les libéraux est très importante en cas de crise, il faut rapidement la mettre en place. L'hôpital pourrait faire appel à nous pour prendre en charge les actes non urgents, par exemple », a dit l'un d'eux.
Faire face aux risques NBC
Outre la canicule, d'autres risques imprévisibles existent, auxquels il convient de se préparer. Le plan Blanc de l'AP-HP, qui intègre depuis plusieurs années les risques NBC (nucléaire, biologique, chimique), doit permettre de faire face aux pires des situations dites « exceptionnelles ». A ce propos, la direction de l'établissement a rappelé son organisation : des hôpitaux référents ont été identifiés pour chaque risque spécifique, des tenues de protection ont été achetées, un programme de formation du personnel est en cours. Elle a aussi annoncé l'organisation, fin 2004, dans l'un des 39 hôpitaux de l'AP-HP, d'un exercice « de grande ampleur » avec la police, afin de « tester les procédures de prise en charge » en cas d'attaque NBC.
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