POUR OU CONTRE la suspension du codage des actes pour s'opposer aux nouvelles règles de calcul de la redevance liée à l'activité libérale à l'hôpital ? La question fait voler en éclat l'unité du corps médical à l'AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris).
Mardi, la CME (commission médicale d'établissement) du CHU parisien a vécu une réunion agitée. Les tenants du pour – il ne faut pas dire les grévistes, c'est mal vu – ont campé sur leur position, essuyant le feu nourri de la critique face à une majorité de confrères inquiets des retombées sur les finances de la maison.
Une grande part des 320 médecins ayant un secteur privé à l'AP-HP suivent le mouvement ; leurs représentants à la CME ont défendu bec et ongles un mode d'action lancé à la mi-mai, qui vise à obtenir le retour aux règles antérieures, plus avantageuses, pour le calcul de la redevance.
Les premières semaines du boycott, la communauté médicale s'est tue. Mais aujourd'hui, les risques apparaissent au grand jour. Le boycott du codage des actes médicaux fait du tort aux grands CHU, en particulier à Paris. Si l'AP-HP ne récupère pas rapidement les recettes manquantes – plusieurs dizaines de millions d'euros –, l'emploi, les achats et les investissements pourraient être directement affectés.
Sursis.
Un anesthésiste s'énerve contre les grévistes : «Pourquoi ne font-ils pas la grève des soins publics? Là, ils pénalisent toute l'institution. On craint que l'AP-HP perde trop d'argent et qu'il n'y en ait plus pour acheter l'échographe dont nous avons besoin. Les paramédicaux redoutent des suppressions de postes dans leurs rangs. Les chefs de clinique de même ne veulent pas faire les frais d'un mouvement qu'ils suivent parfois sous la pression de leur chef de service. Les patients, eux, ne peuvent se faire rembourser le ticket modérateur, ils sont pris en otage.» Bref, la contestation monte à tous les étages.
On annonçait une décision exemplaire mardi, du jamais-vu à la CME de l'AP-HP. En réalité, au terme d'un débat houleux, la CME a décidé d'accorder un sursis aux récalcitrants, en optant pour une stratégie en deux temps, d'abord une mise sous pression, puis la sanction. La motion adoptée (26 voix pour, 4 abstentions, 14 contre) met en garde : «La CME condamne les modalités de l'action engagée par certains praticiens.»«Des mesures» suivront qui «pénaliseront» les auteurs du boycott. Des mesures de deux natures possibles : le refus de nouveaux postes dans les services concernés par le boycott. Et le non-renouvellement des autorisations d'activité libérale. Vingt contrats arrivent à échéance en octobre, peut-être ne seront-ils pas renouvelés si la situation n'est pas rentrée dans l'ordre d'ici là. «Ce serait du jamais-vu, mais sans doute faudra-t-il en passer par là, car le boycott a l'air parti pour durer», commente un membre de la CME.
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