Trente-huit voix pour. Trois voix contre. Six abstentions. Le « plan stratégique. Projet pour 2004 » de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) est passé haut la main au conseil d'administration de l'institution.
Pour l'occasion, Bertrand Delanoë qui, depuis qu'il est devenu maire de Paris préfère ne s'intéresser que par adjoint interposé aux affaires hospitalières de la capitale, avait fait le déplacement. Au siège de l'AP-HP, il est venu parler d' « ouverture » et de « dynamisme », exhortant en ces termes les administrateurs : « Apportons aujourd'hui une réponse innovante et positive aux incertitudes éventuelles. » En bref, « votons pour ce plan stratégique et pour les évolutions que l'AP-HP devra suivre au cours des deux années à venir ». Voilà donc le maire de Paris rallié au projet que concocte la direction générale de l'AP-HP depuis plusieurs années. Projet que Bertrand Delanoë a longtemps pourfendu - il y a un an, en pleine campagne électorale, il le disait « mauvais » et réclamait sa révision - et dont il a apparemment pris acte des derniers aménagements.
Sur le papier (105 pages), le plan stratégique de l'AP-HP arrête quatre grandes orientations qu'il complète par douze programmes d'action prioritaires. Au chapitre des axes généraux, on trouve l'intégration de l'AP-HP dans le système de santé et l'environnement régional, la réaffirmation de ses ambitions en matière de progrès médical, d'enseignement et de recherche, l'optimisation des soins de proximité, en particulier pour les urgences et les personnes âgées, la modernisation de l'AP-HP via un fonctionnement à la fois plus démocratique et déconcentré.
Augmenter les " lits d'aval"
En matière de priorités ciblées, ce sont les addictions, les adolescents, le cancer, l'écologie hospitalière, la gérontologie, le handicap, la logistique, la périnatalogie, la politique sociale, la recherche, les urgences, les usagers qui ont été retenus. Ces thèmes trouvent une application hôpital par hôpital.
Dans ce catalogue des quelque quarante établissements que regroupe l'AP-HP, l'institution a mis de l'eau dans son vin en matière de restructuration. Alain Lhostis, adjoint communiste au maire de Paris, chargé de la Santé et président suppléant du conseil d'administration de l'AP-HP, le dit d'ailleurs sans ambages : « Il est maintenant exclu que l'on s'engage dans des optiques de fermeture. » De fait, les opérations un temps annoncées pour Saint-Vincent-de-Paul, l'Hôtel-Dieu ou ailleurs ne sont plus des certitudes. Le plan stratégique renvoie l'avenir de Saint-Vincent-de-Paul, sur le site duquel une structure médico-sociale pourrait être implantée, à la décision du prochain conseil d'administration de l'AP-HP. Il laisse à une « table ronde » le soin de se pencher sur l'avenir de la maternité de l'hôpital Jean-Rostand. Il précise que, à l'Hôtel-Dieu, la « réflexion » se poursuit « en vue d'une évolution de ce site en grand centre d'urgences ambulatoires au coeur de Paris ».
Dans le même ordre d'idées, le plan stratégique ne dit pas si le siège de l'AP-HP, qui réunit aujourd'hui 1 200 personnes, va être mis au régime sec - Antoine Durrleman, directeur général de la maison se borne à préciser que « le siège passera aux 35 heures sans création d'emplois ».
Traçant ses pistes d'évolution à l'horizon 2004, l'AP-HP est finalement plus loquace - et parfois plus innovante - quand elle explore des thèmes transversaux à ses établissements. C'est ainsi que, pour « faire face à l'augmentation du volume des urgences », elle prévoit de développer les lits d'aval (pour l'accueil des malades après leur passage aux urgences) afin d'éviter les transferts. « Il ne s'agit plus de fermer des lits, mais de les transformer », insiste Antoine Durrleman, tandis que le plan stratégique, mettant les points sur les « i », fait des promesses : « L'AP-HP s'engagera à développer un volant de lits non spécialisés. Toutefois, les lits portes ne devront pas outrepasser leurs objectifs. Ils sont d'assurer des séjours brefs, et non pas de se substituer aux services d'aigu de l'hôpital pour des durées d'une durée inhabituelle. Dans le même temps, l'AP-HP créera une prise en charge spécifique pour les personnes âgées. » Le plan stratégique n'a pas vocation à rester dans les tiroirs de l'AP-HP. « Notre intention, explique Alain Lhostis, est maintenant de saisir les autorités de tutelle dans la perspective claire de la conclusion d'un contrat d'objectif et de moyens pluriannuel ». L'institution souhaite donc monnayer sa mue. Elle présentera ses plans à l'agence régionale de l'hospitalisation (ARH) en mars, mais c'est « avec les ministres représentés au sein du conseil de tutelle (en charge de la Santé, de la Sécurité sociale, du Budget et de l'Intérieur, Ndlr) », précise Antoine Durrleman, qu'un contrat sera conclu.
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