L’anxiété aggrave la migraine

Publié le 11/09/2006
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Communications aux Entretiens de Bichat

L’ANXIÉTÉ est une comorbidité fréquente de la migraine. Elle participe en outre à l’altération de la qualité de vie du migraineux et semble avoir un impact sur l’efficacité des traitements de crise. Pour mieux comprendre les relations entre migraine et anxiété et faire évoluer les protocoles de prise en charge de patients migraineux et anxieux, Schwarz Pharma a mis en place, avec le concours de TNS-Healthcare et du parrainage de la Société française d’études des migraines et des céphalées, la première étude observationnelle française des migraineux consultant en médecine de ville, l’étude SMILE.

Cette étude a porté sur 5 417 migraineux n’utilisant aucun traitement de fond et dont la prise en charge se limitait à un traitement symptomatique.

Les patients inclus ont été suivis pendant quatre mois. Leur niveau d’anxiété-dépression, de stress, d’évitement-dramatisation et de qualité de vie a été mesuré à trois reprises : à l’inclusion, à deux mois et à quatre mois.

Chaque patient devait en outre consigner sur un agenda ses crises et les traitements symptomatiques pris pendant les quatre mois.

Soixante-sept pour cent des patients sont anxieux.

L’analyse de données recueillies lors de la première phase de l’étude (au moment du recrutement) a montré que 67 % des patients sont anxieux (39 % sont aussi dépressifs). Les caractéristiques de leurs migraines (nombre de jour et sévérité) sont plus graves que celles des patients non anxieux. Leur score de stress perçu est plus élevé. Leurs comportements d’évitement et de dramatisation sont également plus marqués. En conséquence, leur qualité de vie est plus altérée que celle des migraineux non anxieux.

L’étude SMILE a en outre montré que les traitements de crises ne sont pas efficaces chez 80 % des patients anxieux ( vs 66 % des patients non anxieux). Pourtant, la surconsommation de traitements de crise est plus importante chez les anxieux. Leur consommation globale atteint cinq unités par crise dans ce groupe contre moins de quatre unités dans le groupe des migraineux non anxieux.

Par ailleurs, la proportion de patients souffrant de céphalées chroniques est nettement plus élevée chez les migraineux anxieux que chez ceux qui ne le sont pas (12 % vs 5 %).

En conclusion, les auteurs de l’étude SMILE attirent l’attention sur le fait que «la prise en charge des patients migraineux et anxieux uniquement par traitements de crise ne représente pas une solution suffisamment satisfaisante car ils sont moins efficaces dans cette sous-population […], la prise en compte de l’anxiété dans le diagnostic et la prise en charge de la migraine devraient donc être systématiques pour améliorer la prise en charge des patients migraineux en médecine de ville».

L’analyse des données de suivi à deux mois et à quatre mois va permettre de décrire l’évolution de la maladie et l’impact des différents traitements de fonds instaurés au cours de l’étude.

F. Radat (Bordeaux), G. Géraud et E. Vives.

Le Quotidien du Mdecin

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8006