L'anti-Mica

Publié le 13/11/2005
Article réservé aux abonnés

Le mot est de Xavier Bertrand, présentant sa proposition de cumul de retraite et de revenus d'activité dans certaines zones sous-médicalisées. « On pourrait dire, a commenté le ministre de la Santé, que c'est de l'anti-Mica. » C'est plus que cela.
Le gouvernement, en proposant une telle solution à la crise démographique qui se profile, effectue un virage à 180 degrés. Pendant des années, des décennies, le raisonnement de nos dirigeants était fondé sur un principe intangible : pour diminuer les dépenses de santé, il fallait réduire l'offre de soins. En son nom que n'a-t-on fait.
Or aujourd'hui, on s'aperçoit que la réduction du nombre de médecins n'a en rien diminué ces dépenses, n'a en rien réduit les déficits des régimes de protection sociale. Mieux, l'instauration du Mica en 1988 et surtout les avantages accordés par le plan Juppé à ceux qui en profitaient ont coûté une petite fortune à l'assurance-maladie, sans compter les charges supplémentaires imposées aux cotisants du régime de retraite des médecins. Malgré le frein mis en place par Martine Aubry, le mal était fait et en quelques années ce sont pas moins de 10 633 médecins qui ont profité - tant mieux pour eux - de ce système généreux, creusant souvent les inégalités régionales et aggravant les inégalités entre confrères. « Ce système était une stupidité », commentait, il y a peu, un responsable de la majorité parlementaire, qui avait pourtant voté le plan Juppé des deux mains. Un jugement que le ministre de la Santé est sans doute prêt à partager.

 >JACQUES DEGAIN

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7841