Comme on le sait, de par sa construction grecque comportant « a » privatif, « noso » maladie et « gnosie » connaissance, il signifie la méconnaissance d’une pathologie par le patient lui même. L’anosognosie est un symptôme classique en neurologie, explique le Pr Bruno Dubois (chef de service de neurologie, hôpital de la Pitié-Salpêtrière), qui peut renvoyer à plusieurs affections.
L’anosognosie a été initialement décrite dans le syndrome de d’Anton-Babinski ou de l’hémisphère mineur droit chez les droitiers. Chez les cérébro-lésés droits (suite à un AVC, par exemple), l’anosognosie qui persiste après la phase aiguë de la pathologie est rarement isolée. Elle s’associe généralement à une hémiasomatognosie, ou incapacité à reconnaître que son propre hémicorps est le sien et elle s’associe aussi à un trouble de l’appréhension, visuelle, le tout réalisant en fait le syndrome de l’hémisphère droit.
Toute souffrance cérébrale focale ou diffuse peut être à l’origine d’une anosognosie, particulièrement à partir du moment où l’atteinte concerne le lobe temporal ou le lobe frontal. En premier, il convient de citer les syndromes neurodégénératifs, les plus importants en fréquence : démence vasculaire, Alzheimer, mais aussi démence fronto-temporale, paralysie supranucléaire progressive (ou maladie de Steele-Richardson). Une atteinte pariétale ou frontale d’autres origines, notamment tumorale, peut également occasionner une anosognosie.
Dans un tout autre domaine, le Dr Jean-François Chermann (hôpital Léopold-Bellan, Paris) évoque l’existence d’épisodes d’anosognosie chez des sportifs qui pratiquent des sports concernés par les commotions cérébrales (boxe, rugby, football américain, équitation…). Un joueur qui prend un coup sur la tête, parfois continue à jouer sans prendre conscience qu’il met en danger sa vie, souligne ce praticien, qui évoque ces questions et la nécessité de leur prévention dans un ouvrage*.
Par ailleurs, il importe de faire la distinction entre anosognosie et déni (refus de la réalité), le dernier provenant d’un mécanisme de nature psychologique, alors que l’anosognosie est sous-tendue par une base biologique.
* Jean-François Chermann, « K. O., le dossier qui dérange », éditions Stock.
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