SELON LA PROPENSION de chacun à voir la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine, il y a deux lectures possibles du bilan 2008 du projet « Dossier médical personnel » (DMP), qui était censé devenir l’outil-clé de la coordination des soins par le médecin traitant dans la loi Douste-Blazy de 2004. L’audit sur la conduite du projet DMP était cinglant fin 2007. L’année qui vient de s’écouler a été indubitablement celle de la relance de ce vaste chantier, au terme d’une phase de réflexion approfondie confiée à une mission d’experts, sous la houlette de Michel Gagneux (inspecteur général des affaires sociales). Les propositions du rapport Gagneux, plutôt consensuelles, ont ensuite été très largement reprises en juin dans la feuille de route de la ministre de la Santé (« le Quotidien » du 18 juin). Roselyne Bachelot a remis le DMP sur les rails en tant qu’outil non opposable aux assurés, fournisseur de services aux patients et aux professionnels de santé, et programmé son déploiement à partir de 2010.
La relance du DMP est devenue un peu plus concrète cet automne, notamment avec la nomination de Jean-Yves Robin à la direction du Groupement d’intérêt public (GIP) DMP, poste tremplin pour préparer l’installation de l’ASIP (Agence des systèmes d’information de santé partagés) que l’ex-patron de la société Santeos est appelé à diriger.
Il reste qu’avant ce changement de gouvernance, d’abord prévu en septembre et finalement effectif début décembre, 2008 apparaît aussi à bien des égards comme une longue année d’attente, quand bien même les acteurs impliqués sur le terrain et le GIP-DMP se sont efforcés respectivement de gérer le quotidien et d’expédier les affaires courantes. Le rapport Gagneux publié au printemps préconisait le lancement de projets pilotes en régions dès cet automne. La nomination tardive de Jean-Yves Robin à la tête du GIP-DMP l’a reporté provisoirement, même si la ministre en a approuvé le principe. Enfin, dernière péripétie juridique, le Conseil constitutionnel vient de censurer une partie de l’article 45 (sur les missions et les modalités de fonctionnement de l’ASIP) ainsi que l’article 46 (expérimentation d’un DMP sur clé USB pour des malades chroniques jusqu’à fin 2010) parce qu’il a jugé qu’ils n’avaient pas leur place dans le PLFSS 2009.
Ironie du sort, c’est tout compte fait la réussite du Dossier pharmaceutique (DP destiné à alimenter le volet médicaments du futur DMP) qui éclipse nettement la relance de son « grand frère » en cette fin d’année : le DP prend son essor puisque la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) vient d’autoriser l’Ordre national des pharmaciens à le généraliser à l’ensemble des officines…
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