François Hollande l’avait inscrit dans son programme, Marisol Touraine en a fait une réalité : avec l'adoption du PLFSS 2013, la gratuité de la contraception pour les 15 à 18 ans et le respect de l’anonymat sont désormais entérinés. Ces mesures, déjà en vigueur dans les centres de planification ou d'éducation familiale, seront étendues aux cabinets libéraux et les jeunes filles pourront consulter un médecin et avoir accès à la contraception sans que cela n'apparaisse sur le relevé de remboursement des parents. « C’est une avancée réelle, indique le Dr Brigitte Letombe (CHRU Lille), à ceci près que ces modalités ne concernent que les modes de contraception remboursés, laissant de côté bon nombre de contraceptifs oraux ainsi que les patchs et anneaux œstroprogestatifs. De plus, les consultations et les examens biologiques liés à la délivrance de la contraception ne sont pas inclus ».
C'est aussi cet automne qu'a été décidé le déremboursement des contraceptifs oraux combinés (COC) contenant du désogestrel, du gestodène (COC de 3e génération) ou de la drospirénone. Cette décision, qui s’appliquera en septembre 2013, fait suite à un avis de la HAS qui qualifie d'insuffisant le SMR de ces spécialités en raison d'un sur-risque thrombo-embolique. « Cette mesure va malheureusement restreindre l'arsenal contraceptif, pour un risque de thrombose relativement faible, regrette le Dr Letombe. Par ailleurs, certaines femmes, gênées par la fréquence des spottings sous pilule de 2e génération, tolèrent mieux les progestatifs de 3e génération, d'où une meilleure observance. Enfin, les progestatifs de 2e génération ont des effets androgéniques, avec des conséquences délétères sur les paramètres glycémiques et lipidiques, alors même que le profil des femmes a changé : elles font moins de sport, fument et sont davantage obèses. »
De quoi accentuer le recul de la pilule, objectivé en septembre dernier par une étude de l'Institut National d’études Démographiques? Peut être, d’autant que selon l’institut, le moindre recours à la contraception orale observé (-4,6% en 10 ans) semble d’avantage lié à des facteurs sociaux économiques qu’à une logique médicale…
Autre recul notable et inédit en 2012, celui de la vaccination HPV avec une « baisse vertigineuse de moitié des vaccinations cette année », déplore le Dr Letombe. Tandis que les pays qui ont instauré cette vaccination de façon obligatoire en milieu scolaire depuis 2007 « en voient déjà l'effet positif en population sur la baisse des lésions précancereuses du col utérin », la vaccination HPV peine à s’imposer en France, pâtissant du climat de méfiance et de controverse qui entoure toujours les vaccins (lire p. 25). De même, le dépistage du cancer du sein est de plus en plus soumis à débat, avec plusieurs publications « critiques » en 2012. Et actuellement, « la réflexion s'oriente sur la pertinence d'un dépistage ciblé sur les femmes à risque (antécédents familiaux, densité mammaire importante, tabac, alcool, sédentarité, première grossesse tardive…) », indique le Dr Letombe.
A l’inverse, 2012 pourrait bien marquer le retour en grâce du traitement hormonal de la ménopause (THM), avec la parution de plusieurs études montrant l'intérêt d'une prescription précoce entre 50 et 60 ans en tout début de ménopause. Dans ce contexte, « un workshop très récent ayant réuni les sociétés savantes internationales concernées par ce sujet s'est achevé par la rédaction d'un texte à paraître, listant 12 points clés qui permettront de remettre le THM à sa juste place », se félicite le Dr Letombe.
Le regard de l’association « Europa Donna France »
Le 3e Plan Cancer, récemment promis par François Hollande pour 2014, aurait notamment pour mission de renforcer le rôle du généraliste dans le suivi et la prise en charge de la maladie. Réelle avancée ou vœu pieux, seul l’avenir le dira. Mais de l’avis de Nicole Zernik, présidente de l’association de lutte contre le cancer du sein Europa Donna France, « si le généraliste est déclaré comme acteur essentiel de la coordination pour optimiser le parcours de soins et le suivi, il ne dispose pas de moyens spécifiques pour jouer ce rôle de coordination et d'accompagnement. Ni sur le plan financier, ni sur
celui de la formation. On lui demande d'accompagner les patientes, alors que lui-même n'est pas accompagné ! » Et tandis que les pouvoirs publics persistent à vouloir placer le médecin traitant dans le processus du dépistage organisé, les patientes sont réalistes : « Le médecin traitant est un peu laissé sur la touche et ne fait que recevoir les résultats des mammographies».
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