En France, l'utilisation du mélange équiquantitatif de protoxyde d'azote et d'oxygène en anesthésie pédiatrique n'a pas encore été approuvée par le ministère.
Néanmoins, en mars 1998, l'AFSAPS a émis une autorisation temporaire d'utilisation selon une réglementation bien précise : ce mélange peut être utilisé par les infirmières anesthésistes chez des enfants de plus de 4 ans, en l'absence de recours conjoint à des psychotropes chez des sujets n'étant pas atteints d'affections intercurrentes, telles qu'une hypertension intracrânienne, un état de coma, un pneumothorax ou des affections au cours desquelles du gaz est accumulé dans un espace clos (iléus intestinal ou sinusite).
Actuellement, ce mélange est utilisé 3 minutes avant le début de l'intervention et pour une durée totale inférieure à 30 minutes. L'ensemble des administrations de protoxyde d'azote en pédiatrie fait l'objet d'une déclaration dans laquelle les traitements associés et les complications éventuelles sont détaillés.
L'équipe du Dr Olivier Gall (hôpital Trousseau, Paris) a entrepris une analyse de 7 511 fiches déclaratives recueillies en 18 mois dans différents hôpitaux français. C'est dans les services d'urgences que cette méthode d'anesthésie a été le plus utilisée : 2 095 fois pour des réductions de fractures, drainages d'abcès, réductions de luxations.
Les médecins ont aussi recouru au protoxyde d'azote pour réaliser des ponctions lombaires (1 559 utilisations), des changements de pansements (1 315), des prélèvements de moelle osseuse (976), des bronchoscopies à l'aide de matériel flexible (471), des gastroscopies (275), des prélèvements veineux (264), enfin, chez 556 autres patients dans des circonstances diverses (biopsies rénales ou hépatiques, cathétérisation vésicale, mise en place d'une sonde naso-gastrique, etc.).
25 complications sévères sur 7 511 anesthésies
En moyenne, sur les 7 511 fiches analysées, la durée d'utilisation du protoxyde d'azote était de 11 minutes. Vingt-cinq complications sévères ont été notées par le personnel d'anesthésie : respiratoires (désaturation en oxygène, obstruction des voies aériennes, apnée), cardio-vasculaires (bradycardie) et neurologiques (perte de contact verbal supérieure à 5 minutes). Des complications de moindre importance ont aussi été rapportées : euphorie, nausées, vomissements ou paresthésie. L'incidence des complications graves a été plus importante chez les sujets en service d'urgences, chez les enfants de moins de 1 an et en cas d'utilisation conjointe de benzodiazépines ou d'opiacés.
Pour les auteurs, « cette méthode d'anesthésie pourrait maintenant être utilisée, en l'absence de contre-indications, chez les enfants de plus de 1 an par des infirmières anesthésistes formées à cette technique ».
« The Lancet », vol. 358, pp : 1514-1515, 3 novembre 2001.
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