PRÉDECESSEUR du Dr Didier Rougemont à la tête de l'Ordre des médecins de Paris, entre 1997 et 2006, le Dr Gérard Zeiger a été cité dans le rapport que l'IGAS (Inspection générale des affaires sociales) a consacré à son fonctionnement (et qui s'est soldé par la dissolution de l'institution parisienne), pour des indemnités de fin de mandat – 40 000 euros environ – qui lui ont été versées à son départ de la présidence de l'Ordre parisien.
Le Dr Zeiger estime aujourd'hui que la désignation d'une délégation provisoire à la tête de l'Ordre parisien, chargée de préparer de nouvelles élections générales, lui redonne sa liberté de parole. Et il s'en sert.
L'ancien président de l'Ordre parisien décrit, pour commencer, les circonstances de sa prise de fonction. Selon lui, à l'époque, seuls étaient indemnisés le secrétaire général (pour 45 000 francs par mois), les secrétaires généraux adjoints (pour la moitié environ), et la secrétaire de séance. «Comme j'exerçais en libéral, poursuit-il, ce qui n'était pas le cas de mes prédécesseurs qui étaient retraités, et que j'avais été élu pour me consacrer pleinement à ma charge de président, j'ai été indemnisé, par décision du bureau, à hauteur de 20000francs (environ 3 000 euros) par mois. Cette indemnité correspondait à ma perte de revenus libéraux attestée à travers la déclaration2035.»
Gérard Zeiger rappelle ensuite que, en 1999, l'IGAS avait déjà enquêté sur la gestion de l'Ordre parisien : «Un contrôle systématique, comme l'IGAS en fait régulièrement. Les rapports de l'IGAS sont toujours à charge, mais elle n'avait fait, à l'époque, aucune remarque sur ces sujets.»
A la fin de son premier mandat, Gérard Zeiger a vu son indemnité passer à environ 36 000 francs «net» par mois (5 600 euros). Une décision qui avait fait suite, selon lui, à un vote du bureau : «D'ailleurs, précise-t-il, tous les deux mois, le montant des indemnités versées était publié dans le bulletin de l'Ordre de Paris.»
2002, date charnière pour la fin de mandat.
C'est en 2002 que le principe des indemnités de fin de mandat, pour lesquelles Gérard Zeiger a été pointé du doigt, a été proposé au bureau de l'Ordre parisien. «Car à cette époque, précise l'ancien président, un renouvellement du bureau avait eu lieu et un secrétaire général, non réélu, était parti sans un sou et s'était retrouvé en difficulté financière du fait de sa perte de patientèle occasionnée par son mandat ordinal.» Pour sa part, au moment de son départ de la présidence de l'Ordre parisien en mars 2006, le Dr Zeiger assure avoir perçu «environ 40000euros», comme l'atteste par ailleurs le rapport de l'IGAS. «J'étais à la retraite de mon exercice libéral depuis octobre 2005, précise-t-il ; mais cette retraite était essentiellement due au fait que mon cabinet libéral avait vu son activité laminée par mes activités ordinales et n'avait fait que 5000euros de bénéfice cette année-là. Il était donc inutile de poursuivre.»
Ces 40 000 euros qui lui ont été versés par l'Ordre à cette époque correspondent donc bien, selon lui, à la perte prouvée de sa patientèle. Pour Gérard Zeiger, «cette affaire a été montée en épingle sans en expliquer les tenants et aboutissants».
Mi-temps ou temps plein ?
Au cours d'une conférence de presse organisée au mois d'avril dernier, (« le Quotidien » du 30 avril), Didier Rougemont, successeur du Dr Zeiger à l'Ordre de Paris, avait indiqué que ses indemnités correspondaient à un mi-temps. «Pour ma part, réagit le Dr Zeiger, il s'agissait certes d'un mi-temps libéral, mais d'un plein-temps salarial, avec plus de 35heures par semaine.» D'autant que, selon lui, «il ne faut pas confondre présence effective et travail effectif». Et le Dr Zeiger ajoute à sa charge de travail de l'époque, et en dehors des heures de présence à l'Ordre, «tous les dérangements et événements imprévus ou intempestifs», sans compter les réunions de travail à l'extérieur, les déplacements et les dîners. «J'estime que la charge de travail d'un président de l'Ordre de Paris, avec ses 23500 médecins, est comparable à celle d'un petit conseil national. Comment peut-on parler d'un mi-temps?» Un point de vue partagé par le Pr Jean Langlois, à la tête de la délégation provisoire à l'Ordre de Paris.
Mais le Dr Zeiger garde pour la fin ses flèches les plus acérées, même si, «durant les vingt derniers mois (qui correspondent à la durée de la présidence de Didier Rougemont), j'ai respecté mon devoir de réserve. Mais il y a des faits vérifiables». Et au nombre de ces faits vérifiables, Gérard Zeiger cite pêle-mêle «deux élections annulées (sous la présidence du Dr Rougemont) et une plainte pour menaces et chantage du DrRougemont à mon encontre déposée par les DrsBiclet et Gautier», qui n'a pas été jugée recevable par la section disciplinaire du conseil régional de Midi-Pyrénées, chargé de juger l'affaire.
Et Gérard Zeiger enfonce le clou. Il assure qu'il n'est en aucune manière mêlé aux actions conduites contre le bureau du Dr Rougemont, mais qu'il a été «victime du climat qui en a découlé: j'ai été personnellement interdit d'accès dans les locaux du conseil dont j'étais toujours membre, avec porte des bureaux fermée à clé, et aucun accès possible aux documents». Un état de fait qu'il déplore d'autant plus que, «pendant les huit années de ma présidence, les mêmes qui se déchirent aujourd'hui travaillaient en bonne intelligence, sans problèmes de clans. Pour ma part, j'ai toujours maintenu la cohésion du conseil.C'est le DrRougemont qui est responsable du mauvais fonctionnement de l'Ordre de Paris, car il est de son devoir de veiller à la sérénité des débats qu'il dirige».
Enfin, le Dr Zeiger pose, faussement naïf, la question de la validité des mandats régionaux ou nationaux obtenus par les conseillers parisiens avant de voir leur élection à l'Ordre de Paris dissoute par le préfet : «L'Ordre parisien ayant été dissous, ceux de ses membres qui ont été à ce titre élus au conseil régional ou au conseil national de l'Ordre ne devraient-ils pas également voir leur élection à ces postes annulée?»
Le Dr Zeiger assure avoir l'intention de s'exprimer «plus longuement sur le fonctionnement de l'Ordre pendant les années ou j'y ai siégé». Peut-être même dans un livre.
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