L'analyse de l'ECG foetal améliore la surveillance durant le travail

Publié le 05/06/2002
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Le travail lors d'un accouchement est un moment très stressant pour le fœtus. En effet, durant les contractions, le bébé doit affronter la survenue d'une hypoxie. Normalement, il dispose de différents moyens d'adaptation à cette situation, qui lui permettent de la compenser. Si ces mécanismes de défense sont intacts, la réaction à l'hypoxie est optimale et la compensation totale. Si les mécanismes de défense sont altérés, ou dépassés, le système de défense s'effondre, entraînant une défaillance cardiaque et cérébrale.

Il est donc primordial durant le travail de pouvoir détecter les fœtus incapables de supporter sans lésions ce traumatisme, afin de pouvoir intervenir à temps et de pratiquer une césarienne.

L'analyse en continu du segment ST

Depuis les années 1960, le monitorage fœtal s'est beaucoup développé. En donnant une information continue sur le rythme cardiaque fœtal et les contractions utérines, il permet d'apprécier le degré d'hypoxie. Mais si cette technique est capable de déceler des anomalies, elle ne fournit pas d'information diagnostique sur la sévérité de l'agression hypoxique. Elle peut parfois être complétée par un dosage du pH du sang du fœtus, mais de façon ponctuelle. Il fallait donc trouver un moyen de surveillance adapté à la durée du travail et capable d'analyser les différents événements et leurs conséquences, c'est-à-dire la survenue d'une hypoxie et ses conséquences cardiaques et neurologiques.
En partant du principe que l'analyse du segment ST de la courbe de l'électrocardiogramme est le critère de choix pour mesurer l'état du cœur d'un adulte lors d'un exercice, les Laboratoires Neoventa Medical ont pensé que cette même analyse, effectuée sur l'ECG du fœtus, au cours du travail, permettrait de vérifier les capacités d'adaptation du fœtus aux événements de stress. Le concept STAN est né ainsi : il repose sur la propriété unique du segment ST à refléter la fonction du muscle cardiaque fœtal durant des épreuves de stress. Une électrode fixée sur le scalp du fœtus enregistre l'ECG. Le système STAN mesure l'intervalle RR et évalue les modifications du segment ST. Tous les 30 complexes, le système STAN effectue une analyse du segment ST et signale toutes ses modifications significatives par un message : « ST event ». La consultation du « registre des événements » permet alors d'obtenir des données plus complètes sur la nature et le degré de l'anomalie. Le système STAN est utilisé dans le but d'obtenir une information continue sur l'aptitude du fœtus à répondre au stress et à l'effort associé au travail.
C'est pourquoi l'information spécifique relative à l'intervalle ST doit être utilisée en conjonction avec le tracé du cardiotocographe (CTG) : en principe, un tracé CTG réactif et normal indique que le fœtus maîtrise bien la situation. Si des modifications sont détectées, l'analyse de la forme de l'onde ST offre une information sur la sévérité du stress.

Les décisions sur une analyse clinique complète

Un tableau de consignes cliniques est alors à suivre. Il est applicable à partir de 36 semaines de grossesse et plus. Il indique les situations dans lesquelles une intervention est requise. Chaque décision d'intervention doit être adaptée au cas clinique et issue d'un raisonnement d'obstétricien.
Cette utilisation de l'appareil est couplée à un module d'enseignement, car elle nécessite une parfaite connaissance de la lecture et de l'interprétation des enregistrements. En France, cette fonction est assurée par le service femme-mère-nouveau-né de l'hôpital Edouard-Herriot à Lyon. Organisé sous forme de réunions mensuelles, ce module d'enseignement propose des formations et des autoévaluations permettant l'obtention d'un certificat. Le service dispose actuellement de deux appareils STAN S 21. Ils sont plus spécialement destinés aux femmes qui présentent des grossesses à risque : anomalies du rythme cardiaque fœtal avant ou pendant le travail, retard de croissance intra-utérin, pathologies maternelles (HTA, diabète, prééclampsie, cholestase), ou encore anomalies du liquide amniotique. Ce qui représente de 30 à 40 % des accouchements.

Conférence de presse organisée par les Laboratoires Neoventa Medical lors du 1er Symposium français sur l'ECG fœtal au cours du travail, présidé par le Pr J.-M. Thoulon (Lyon).
* Vol. 358, 18 août 2001, pp. 534-538.

Dr Christine JEANROY

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7140