Malgré les différentes études qui en montrent tout le bénéfice, le recours à l'allaitement maternel n'a que peu varié en France ces vingt dernières années. Environ la moitié des nouveau-nés sont allaités à la sortie de la maternité. Mais aucune donnée nationale n'est actuellement disponible sur la durée de l'allaitement.
Les recommandations de l'ANAES s'adressent aussi bien aux femmes « ayant mis au monde un enfant sain né à terme » qu'aux professionnels de santé. L'objectif de l'agence est de favoriser l'allaitement maternel pendant les six premiers mois. L'allaitement exclusif protège le nouveau-né des infections gastro-intestinales et, dans une moindre mesure, des infections ORL et respiratoires, rappelle l'ANAES. Il permet « un développement optimal des nourrissons ». Les raisons médicales qui contre-indiquent l'allaitement sont exceptionnelles (infection par le VIH pour la mère, galactosémie pour le bébé), et même pour les femmes qui ne peuvent s'arrêter de fumer - le passage de la nicotine dans le lait est prouvé -, « l'allaitement reste le meilleur choix », souligne l'agence.
Les pratiques susceptibles d'encourager l'allaitement avant la naissance sont énumérées : groupes de discussion, cours de préparation à l'accouchement, intervention de femmes ayant allaité, brochures, vidéo, manuel d'autoapprentissage. Des modalités de mise en uvre et d'accompagnement de l'allaitement lors de sa mise en route sont également indiquées.
Plusieurs conditions favorisent l'allaitement à la naissance : le contact précoce mère-enfant, la proximité 24 heures sur 24 avec le nouveau-né, la bonne position du nourrisson et la prise correcte du sein lors de la tétée, et l'allaitement à la demande qui régule les besoins nutritionnels du bébé.
Selon l'ANAES, la plupart des difficultés de l'allaitement maternel peuvent être prévenues et ne doivent pas entraîner systématiquement l'arrêt de l'allaitement. Des traitements doivent être indiqués en cas de douleurs ou de lésions des mamelons, d'engorgement mammaire et de lymphangite. Quant à l'insuffisance des apports de lait maternel, il est très rare et découle souvent d'une conduite inappropriée de l'allaitement. « Les mères doivent être prévenues de l'éventuelle survenue d'une insuffisance de lait, en particulier lors de la reprise du travail, et de la manière d'y faire face : augmenter transitoirement la fréquence et la durée des tétées, recherche le soutien des professionnels de santé ou de bénévoles expérimentés », insiste l'ANAES.
La reprise du travail, des activités ou du sport est une période délicate pour la mère allaitante. Il est donc nécessaire de l'informer non seulement sur les différentes modalités de l'allaitement (tétées du matin et du soir, expression et conservation du lait), mais également des mesures inscrites dans le code du travail : pauses sur le temps de travail, réduction journalière du temps de travail ou horaires de travail souples, lieux inappropriés pour exprimer le lait. Dans sa conclusion, l'ANAES va même jusqu'à souhaiter la mise en place de mesures organisationnelles telles que l'allongement de la durée du congé postnatal pour favoriser la poursuite de l'allaitement maternel.
Les dix conditions pour le succès de l'allaitement maternel
Selon un rapport de l'OMS-UNICEF de 1999, il existe dix conditions pour le succès de l'allaitement :
- adopter une politique d'allaitement maternel formulée par écrit et systématiquement portée à la connaissance de tous les personnels soignants ;
- donner à tous les personnels soignants les compétences nécessaires pour mettre en uvre cette politique ;
- informer toutes les femmes enceintes des avantages de la pratique de l'allaitement ;
- aider les mères à commencer à allaiter leur enfant dans la demi-heure suivant la naissance ;
- indiquer aux mères comment pratiquer l'allaitement au sein et comment entretenir la lactation même si elles se trouvent séparées de leur nourrisson ;
- ne donner aux nouveau-nés aucun aliment ni aucune boisson autre que le lait maternel, sauf indication médicale ;
- laisser l'enfant avec sa mère 24 heures sur 24 ;
- encourager l'allaitement au sein à la demande de l'enfant ;
- ne donner aux enfants nourris au sein aucune tétine artificielle ou sucette ;
- encourager la constitution d'associations de soutien à l'allaitement maternel et leur adresser les mères dès leur sortie de l'hôpital.
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