De notre correspondante
à New York
L'OS, on le sait, est perpétuellement remodelé, sous l'effet d'une résorption osseuse par les ostéoclastes et d'une formation osseuse par les ostéoblastes.
Parmi les différents régulateurs de ce processus dynamique, la calcitonine est le plus puissant inhibiteur de la résorption osseuse d'origine ostéoclastique.
Appartenant à la même famille d'hormones que la calcitonine, est l'amyline (ou polypeptide amyloïde des îlots) dont la fonction reste incertaine.
Une hormone identifiée il y a quinze ans.
Cette hormone, identifiée il y a déjà plus de quinze ans dans les cellules pancréatiques bêta, est co-sécrétée avec l'insuline après ingestion d'aliments.
En dépit d'efforts, on n'a pas pu lui trouver un rôle important dans le métabolisme du glucose. En revanche, des études cellulaires suggèrent qu'elle pourrait réguler le remodelage osseux, en favorisant la formation d'os et peut-être en inhibant la résorption osseuse. En outre, puisqu'elle se lie in vitro au récepteur calcitonine (Calcr), il a été suggéré qu'elle pourrait se lier in vivo à ces récepteurs sur les ostéoclastes et inhiber ainsi la résorption osseuse.
Le Pr Gérard Karsenty (Baylor College of Medicine, Houston), bien connu pour ses découvertes sur la biologie de l'os, élucide maintenant le rôle de l'amyline dans le remodelage osseux, ainsi que celui du récepteur calcitonine.
Son équipe, et d'autres chercheurs (américains, australiens et suédois), décrivent leur étude dans « The Journal of Cell Biology ».
Pour étudier in vivo le rôle de l'amyline et du récepteur calcitonine (Calcr), les chercheurs ont examiné des souris porteuses d'une délétion du gène de l'amyline (délétion homozygote ou hétérozygote), ou/et du gène Calcr (délétion hétérozygote seulement, l'homozygote étant létale).
Leurs principaux résultats sont les suivants. Les souris déficientes en amyline (homozygotes), ainsi que les souris amyline +/-, présentent une baisse de la masse osseuse, laquelle n'est pas secondaire à un trouble de la formation osseuse mais causée par une résorption accrue. A l'inverse, les souris
Calcr +/- ont une masse osseuse accrue, due à une augmentation de la formation osseuse, tandis que leur résorption osseuse est normale.
En conclusion, l'amyline inhibe in vivo la résorption osseuse par le biais d'un récepteur qui reste à identifier, tandis que le récepteur calcitonine (Calcr) contrôle la formation osseuse.
« Le fait que les souris amyline +/- développent une faible masse osseuse illustre combien cette hormone est importante pour la régulation de la résorption osseuse in vivo », notent les chercheurs.
Des répercussions dans le diabète de type 1.
Puisque l'amyline est principalement sécrétée par les cellules bêta du pancréas, il est donc possible que l'ostéoporose observée chez les jeunes patients diabétiques insulino-dépendants (type 1) soit secondaire, au moins en partie, à l'absence de production d'amyline par les cellules bêta non fonctionnelles. Si c'est le cas, la découverte d'un moyen pour remplacer l'amyline pourrait permettre à l'avenir de prévenir l'ostéoporose associée au diabète de type 1 et, qui sait, peut-être d'autres formes d'ostéoporose.
Le Pr Karsenty a maintenant deux objectifs. « Démontrer, dans un modèle animal, l'hypothèse que l'absence d'amyline provoque l'ostéoporose des diabétiques. Et cloner un récepteur pour l'amyline », confie-t-il au « Quotidien ».
« Un deuxième enseignement de cette étude, souligne-t-il, est que les fonctions d'une hormone ou de son récepteur (calcitonine) ne peuvent vraiment être définies que par des expériences faites in vivo avec délétion de gènes ».
« Journal of Cell Biology », 17 février 2004.
Sympathique
Professeur de génétique moléculaire et humaine au Baylor College de médecine Houston) depuis 1997, le Pr Gérard Karsenty travaille notamment sur la génétique du remodelage osseux. Il a montré il y a quatre ans que la leptine inhibe la formation de l'os en agissant sur le cerveau («Cell » du 21 janvier 2000 et « le Quotidien » du même jour). Près de trois ans plus tard, il montrait que le médiateur de l'action anti-ostéogénique de la leptine, entre le cerveau et l'os, est le système nerveux sympathique (« Cell » du 1er novembre et un entretien avec « le Quotidien » du 4 novembre 2002) ; et que le traitement bêta-bloquant élève la masse osseuse chez la souris et prévient l'ostéoporose chez les souris ovariectomisées.
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