L'Association des médecins urgentistes hospitaliers de France (AMUHF, voir le portrait de son président, Patrick Pelloux, en page 10), le Syndicat des médecins généralistes (SMG) et la Coordination nationale des réseaux se sont attelés ensemble à l'élaboration de propositions pour le « renouveau de la médecine générale ».
Dans la perspective de la réforme annoncée de la Sécurité sociale et en tirant leurs propores enseignements des dysfonctionnements constatés l'été dernier lors de la canicule, les trois organisations avancent leurs pions. Elles appellent tout d'abord médecins, usagers et citoyens à la constitution « d'un front de résistance contre la privatisation de l'assurance-maladie et pour l'établissement d'une couverture sociale de haut niveau pour tous ». Elles sont ensuite soucieuses de promouvoir une autre manière d'appréhender les questions de santé que celle qui prévaut aujourd'hui. « Les catastrophes sanitaires, ça se prévoit par une culture de la santé publique que nous n'avons pas », insiste le Dr Patrice Muller, président du SMG. Comment l'acquérir ? Entre autres, en modifiant les pratiques des médecins, répondent l'AMUHF, la Coordination et le SMG, qui suggèrent sept pistes d' « amélioration ».
La concertation et la coordination du médecin généraliste avec les autres acteurs locaux du soin et du secteur sanitaire et social sont une nécessité, affirment les trois structures, tout comme l'élargissement et le renforcement de la FMC. La participation des généralistes libéraux à la continuité des soins doit, quant à elle, être « complètement repensée » (une architecture est proposée avec une médecine de « premier niveau », service public de proximité, chargée de trier les « urgences ressenties »). Et le paiement à l'acte doit disparaître, remplacé par un salariat à temps plein ou partiel.
En l'état actuel des choses, les trois organisations restent dubitatives sur l'utilité de donner de nouveaux moyens au système de santé - 800 millions d'euros vont être dévolus aux urgences - par exemple. « On n'arrivera à rien, prévient Patrick Pelloux, en pérennisant un vieux système. Il ne sert à rien de réinjecter de l'argent dans un système pas performant. Nous ne sommes pas en train d'apporter des réponses cohérentes et innovantes à la crise. » Didier Ménard, le président de la Coordination des réseaux, s'interroge également : « On nous donne des moyens, mais des moyens pour quoi faire ? On s'aperçoit que les premiers financements des réseaux de soins issus de la loi du 4 mars 2002 étouffent les réseaux de proximité et valorisent des structures très hospitalo-centrées ».
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