Sur un dossier aussi explosif, il n’y a qu’elle qui puisse mettre les pieds dans le plat. Dans son dernier rapport sur la Sécu, la Cour des Comptes ne s’en prive pas, rangeant la PDS au rayon des usines à gaz coûteuses de notre système de soins. Dans le rôle du méchant, Didier Migaud, son président, vaut bien ses prédécesseurs, Joxe ou Seguin… Et le pilonnage est méthodique. Première critique : le coût du dispositif qui aurait triplé depuis 2002. La Cour y voit la conséquence de la fin de l’obligation de la garde. Pourtant, à y regarder de près, c’est surtout la PDS des pharmaciens, les déplacements du SAMU, voire l’activité de SOS qui expliquent cette forte progression. Pour le reste, les actes d’effecteurs sur le terrain sont quasi stables au cours des années 2000. Seules les astreintes des généralistes, obtenues de haute lutte, participent à la hausse. Mais alors que l’on parle de pénibilité du travail, n’est-ce pas là un juste retour des choses ?
Certes, la Cour, vétilleuse, pointe, ça et là, le coût très élevé de certaines astreintes, surtout en nuit profonde. Mais il faut savoir ce que l’on veut, alors même qu’elle s’inquiète de la pénurie dans les déserts médicaux et du nombre insuffisant de généralistes qui prennent des gardes… Selon le rapport, moins d’un omnipraticien sur deux s’investirait désormais dans la PDS. Un chiffre sans doute à relativiser, alors que le dernier bilan de l’Ordre évoquait un pourcentage de l’ordre de 60 %... Dans ce contexte, les magistrats financiers ne trouvent rien de mieux pourtant que de préconiser un tour de vis sur les réquisitions en donnant carte blanche aux directeurs d’ARS pour accoucher de tableaux de garde au forceps. Un remède dont on peut prédire par avance qu’il aboutirait surtout à décourager les plus engagés.
Dix ans après la reconnaissance du volontariat de la garde, ce n’est donc pas sur ce terrain-là qu’il faut s’engager. Mais plutôt sur une dernière piste avancée par la Cour. Comment expliquer, en effet, qu’alors que la quasi-totalité des départements dispose aujourd’hui d’une régulation libérale, près de 40 % des actes réalisés pendant les périodes de PDS le soient hors régulation ? Le rapport pointe notamment la trop grande diversité des numéros d’appel, leur interconnexion aléatoire, la mauvaise information de la population et la non-régulation des urgences hospitalières... Autant de chantiers qui mériteraient, c’est sûr, d’être ouverts.
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