L'AIDE MÉDICALE à la procréation (AMP) a permis à plus de 3 millions de bébés de naître, depuis la naissance de Louise Brown conçue par FIV en 1978. D'autres méthodes ont ensuite affiné les indications des AMP : l'Icsi (injection intracytoplasmique de spermatozoïde), les procédures microchirurgicales pour extraire les spermatozoïdes des testicules, le ROSI (injection de spermatides). L'ensemble des méthodes d'AMP représente de 1 à 2 % des naissances dans les pays industrialisés, avec des pics dans certains d'entre eux, comme au Danemark, où ces techniques atteignent 6 %.
Des questions se posent sur la sécurité des méthodes. On craint un risque de désorganisation épigénétique qui normalement est nécessaire pour diriger l'empreinte génétique dans les lignées germinales des mâles et des femelles au cours de la gamétogenèse. Ce qui peut donc avoir pour conséquence des troubles de l'empreinte génomique. L'empreinte génomique est l'expression physiologique exclusive d'un seul exemplaire, maternel ou paternel, de certains gènes. L'analyse de registres des maladies associées à des défauts de l'empreinte génomique, comme les syndromes d'Angelman ou de Widemann et les rétinoblastomes, montre un excès d'enfants issus d'AMP, par rapport à la population générale.
A cela s'ajoutent des études chez les souris, qui ont montré que la culture d'embryons en préimplantatoire dans du sérum est associée à une augmentation des anomalies d'expression de gènes soumis aux phénomènes d'empreinte génétique et des troubles du développement foetal, conduisant à une petite taille et à certains troubles du comportement.
On peut se demander si les PMA seraient de nature à introduire des mutations de novo.
Lee Caperton et coll. se sont efforcés de répondre à cette question.
L'analyse des mutations ponctuelles chez les humains est presque impossible à cause de leur très faible fréquence, de 1/10 000 à 1/1 000 000 de génomes. «Nous avons utilisé un modèle de souris transgénique pour examiner les effets des procédures d'AMP sur le spectre et la fréquence des mutations ponctuelles sur des foetus de souris produits soit par reproduction naturelle, soit par des méthodes diverses d'AMP, qui comprennent la culture préimplan- tatoire, le transfert d'embryons, la fertilisation in vitro , l'Icsi et l'injection de spermatides.»
Les souris Big Blue.
Le modèle utilisé permet de faciliter l'analyse des mutations ponctuelles rares : Big Blue Transgenic Mouse (de Stratagene) porte en position transgénique un vecteur navette. C'est un bactériophage qui peut être retiré sélectivement de l'ADN, mis sous la forme de particules phages infectieuses et passé au crible pour trouver des copies mutantes d'un gène bactérien à l'intérieur d'un très grand nombre de copies non mutées de ce gène. Ensuite, l'ADN du phage qui porte un transgène mutant peut être amplifié et séquencé pour déterminer la modification exacte de la base qui aboutit à la mutation. «Nos résultats ne montrent pas de différence significative dans la fréquence ou le spectre de mutations de novo quand on compare les foetus obtenus par fécondation naturelle et ceux obtenus par les méthodes d'AMP.»
« Proc Natl Acad Sci USA », édition avancée consultable sur le site.
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