« Les PREMIERS seront les derniers », proclament les Évangiles, dont un modeste feuillet ouvre cette superbe vente bibliophilique. Premier dans l'ordre des lots, mais pas dans celui des prix puisque l'estimation se limite à 3 000/4 000 euros pour ce vélin en grec du texte de Saint Jean de la main d'un scribe byzantin du Xe siècle.
Les vraies vedettes de cette deuxième partie de la collection Bérès, ce sont les incunables de la fin du XVe. Entre un Pétrarque de 1472 (20 000/30 000 euros) et Tite-Live traduit par Boccace en 1476 estimé 50 000/70 000 euros, on trouve un magnifique exemplaire des célèbres « Chroniques de Nuremberg », sorti des presses de cette ville en 1493. Ce premier best seller de l'histoire de l'édition est le fruit d'un projet de la part d'un groupe d'humanistes de Nuremberg. Le texte, confié à Hartmann Schedel, raconte en toute simplicité l'histoire du monde de sa fondation à la fin du XVe. Comme il vise à l'universalité, deux versions sont prévues, l'une en allemand, l'autre en latin. L'illustration, formée de 1 800 xylographies, est due au peintre Michaël Wolgemut avec la participation probable du jeune Albert Dürer. Certains exemplaires, comme celui-ci, étaient coloriés à la main. On ne connaît pas le tirage, mais la large diffusion de cet ouvrage explique sa non rareté très relative, cinq siècles après sa sortie.
Avec 120 000/160 000 euros d'estimation, les Chroniques ne sont pas le livre le mieux estimé de la vente. On attend le même prix d'une relation de Christophe Colomb, petit imprimé latin illustré de 1494, racontant la Reconquête espagnole et la découvert des « Iles de la mer des Indes ».
L'autre découvreur de la Renaissance, c'est Copernic, doublement révolutionnaire avec ses « Révolutions des mondes célestes » dont l'édition originale, parue à Nuremberg en 1543, est aujourd'hui, contrairement aux « Chroniques », d'une insigne rareté (25 exemplaires connus). Surtout dans son vélin d'époque qui lui vaut l'estimation de 150 000/250 000 euros.
Le « pharmacien » Albert Seba.
L'ancienneté n'est pas le seul critère déterminant pour la valeur d'un livre. À égalité avec l'astronome polonais - mais c'est le marteau d'ivoire qui tranchera - on trouve sous le numéro 122 un magnifique ouvrage d'histoire naturelle, œuvre du « pharmacien » Albert Seba, paru en quatre volumes de 1734 à 1765. Cet éminent chercheur avait le sens des affaires puisqu'il vendit au Tsar Pierre le Grand son cabinet de curiosités, « pour une somme considérable » qui lui permit d'en constituer un autre encore plus beau ! Et peut-être d'entreprendre la rédaction de ce magnifique ouvrage abondamment illustré en couleurs, dont cet unique exemplaire en maroquin d'époque est crédité de 150 000/250 000 euros.
Si les stars internationales occupent logiquement le devant de la scène, il ne faut pas confondre valeur marchande et valeur bibliophilique, documentaire, ou historique. L'ouvrage le moins cher de la collection Bérès est une relation manuscrite de la bataille de Valmy, datée de six jours après la bataille, signée du général Kellermann et crédité de 300/600 euros. Mais le catalogue contient aussi un grand nombre de ces « livres de fête » en images, tant appréciés du XVIe au XVIIIe siècle en France et en Italie, proposés autour de 2 000/3 000 euros pour les fêtes baroques, jusqu'à 6 000/10 000 euros certains grands classiques comme « le Sacre de Louis XIV ».
Vendredi 28 octobre, 14 h 30, Hôtel Drouot, salle 7, SVV Bergé et Associés.
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