S'AGISSANT d'une nouvelle classe thérapeutique, les coxibs font l'objet d'un suivi national de pharmacovigilance par l'AFSSAPS. Les résultats de ce suivi montrent des incertitudes sur les risques digestifs, cardio-vasculaires et cutanés. En juillet 2002, l'AFSSAPS demandait un arbitrage européen pour l'ensemble de la classe des coxibs afin que soit réexaminé le profil de tolérance. Ce premier arbitrage, publié en novembre 2003, ne remettait pas en cause le rapport bénéfice/risque positif des coxibs dans les indications revendiquées. Mais les résultats montraient que, contrairement à l'idée avancée, l'avantage des coxibs sur le plan des effets indésirables gastro-intestinaux était moins important que prévu et inégal selon les produits. Par ailleurs, des effets secondaires cutanés ont été rapportés et le risque d'événements cardio-vasculaires ne pouvait être exclu.
À la suite du retrait du marché du rofécoxib, en septembre 2004, l'Agence européenne du médicament (EMEA) engage alors, en octobre 2004, un nouvel examen de sécurité de l'ensemble des coxibs du marché européen. Publiée en juin 2005, elle aboutit, d'une part, à la suspension de l'AMM du valdecoxib (effets indésirables cutanés) et, d'autre part, à l'ajout de nouvelles contre-indications et mises en garde pour les autres coxibs.
Bien que le rapport bénéfice/risque d'Arcoxia ait été jugé favorable par l'EMEA et que la Commission européenne ait rendu opposable cette évaluation, le directeur général de l'AFSSAPS décide en décembre 2005 de ne pas lui accorder d'AMM dans l'attente des résultats du programme MEDAL. Engagé depuis 2002, il inclut 34 000 patients pour évaluer les risques cardio-vasculaires et gastro-intestinaux versus diclofénac 275 mg. «Notre souci, déclare Jean Marimbert, directeur général de l'AFSSAPS, est d'assurer le meilleur profil de tolérance en déterminant la dose adéquate pour éviter tout risque cardio-vasculaire. Étant dose-dépendant, la dose de 90mg a été mon sujet de préoccupation, notamment dans la spondylarthrite rhumatoïde, dans la mesure où des patients jeunes sont concernés, et dans la polyarthrite rhumatoïde, qui nécessite un traitement au long cours. »
Une nouvelle procédure européenne, démarrant en avril 2006 et s'achevant en juillet 2007, prend en compte les propositions de la France. La dose recommandée dans le traitement de l'arthrose est désormais de 30 mg/j, celle de 60 mg devant être prescrite en 2e intention aux patients pour lesquels 30 mg se sont montrés insuffisamment efficaces.
Rapport bénéfice/risque positif.
Enfin, en juin 2008, le comité scientifique de l'Agence européenne du médicament conclut au maintien du rapport bénéfice/risque positif de 90 mg d'étoricoxib dans la polyarthrite rhumatoïde et à la démonstration d'un rapport bénéfice/risque positif de cette dose dans la spondylarthrite ankylosante.
Néanmoins, la France a souhaité accorder une AMM pour chacune des doses d'étoricoxib en fonction de leurs indications respectives. Cette précaution fait suite aux résultats d'une étude épidémiologique effectuée auprès de médecins généralistes au Royaume-Uni (GPRD) indiquant que des prescriptions à des doses autorisées étaient fréquemment réalisées, notamment pour l'arthrose, à des doses de 90 et 120 mg/j d'Arcoxia. Enfin, l'AFSSAPS n'accordera l'AMM au titre de la spondylartrite ankylosante à la dose de 90 mg que lorsque la gestion des risques aura été complétée et l'étude post-AMM, demandée par l'EMEA, présentée par le laboratoire.
D'après la présentation de Jean Marimbert, directeur général de l'AFSSAPS, lors de la conférence de presse du 21 juillet 2008.
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