C'est en Belgique dans les éprouvettes du laboratoire Labaz intégré depuis dans le groupe Sanofi qu'est née l'amiodarone, un antiarythmique de renommée internationale, commercialisé depuis trente-cinq ans en France sous le nom de Cordarone. L'équipe de chercheurs coordonnée le Pr Charlier, dont les recherches étaient dirigées vers des molécules antiangineuses, a découvert la cordarone dans les années soixante. Sa première indication fut l'angine de poitrine, mais les modifications de l'ECG (repolarisation avec allongement du QT et modification de l'onde T) ont fait suspecter l'existence de réelles propriétés électrophysiologiques, en plus des propriétés anti-ischémiques et vasodilatatrices. La molécule, insoluble, était néanmoins difficile à tester sur les animaux. Les premiers travaux furent réalisés par B. N. Singh dans le laboratoire du Pr Vaughan-Williams en 1970, qui démontra expérimentalement les effets antiarythmiques de la cordarone.
En 1974, M. B. Rosembaum a mis en évidence l'intérêt du produit dans les arythmies du syndrome de Wolf- Parkinson-White. L'amiodarone augmente les périodes réfractaires de l'ensemble du tissu myocardique, ce qui rend compte de ses indications dans les arythmies auriculaires et ventriculaires. Elle est indiquée à l'étage auriculaire, notamment dans la prévention et le traitement de la fibrillation et du flutter auriculaires ; elle est active à l'étage ventriculaire dans la prévention des tachycardies ventriculaires.
L'amiodarone constitue le prototype des antiarythmiques de classe III de la célèbre classification de Vaughan-Williams. Elle a une action sur les canaux potassiques, mais la plupart des auteurs considèrent que son mécanisme d'action est complexe et qu'elle se comporte aussi comme une molécule de classe I, II et IV.
Le bilan des vingt premières années est positif : l'amiodarone est un antiarythmique puissant aussi bien à l'étage auriculaire qu'à l'étage ventriculaire sur des arythmies de nature et de mécanisme différents. Elle possède une excellente tolérance cardiaque, étant moins pro-arythmogène que les autres molécules. Elle possède, en revanche, des effets indésirables oculaires, pulmonaires et thyroïdiens (hypo-ou hyperthyroïdie) liés à la présence de deux atomes d'iode dans la molécule.
La dronédarone en phase III de développement
Les chercheurs de Sanofi-Synthélabo travaillent aujourd'hui à la mise au point de nouveaux agents antiarythmiques dérivés de l'amiodarone. L'un de ces produits, la dronédarone, est en phase III de développement clinique dans le traitement et la prévention de la fibrillation auriculaire. La dronédarone serait en quelque sorte « une amiodarone sans iode ». Sa demi-vie est plus courte que celle de l'amiodarone. Au cours de l'étude DAFNE, menée chez 200 patients, la dronédarone a permis de restaurer le rythme sinusal après un épisode de fibrillation auriculaire et augmente l'intervalle libre sans arythmie. La dose la plus efficace est de 800 mg. La dronédarone est dépourvue d'effet pro-arythmogènes (n'entraîne pas de torsades de pointe), ne possède pas d'effets indésirables thyroïdiens oculaires ou pulmonaires.
D'après une conférence de presse des laboratoires Sanofi-Synthélabo
Les 20 ans du CPR, les 10 ans du SIR
Au cours de l'été 1981, trois rythmologues (Robert Grolleau, Paul Puech et Robert Slama) constatent avec regret que la plupart des enseignements postuniversitaires en rythmologie sont organisés pour les cardiologues installés et que les internes et les chefs de cliniques n'y ont pas accès. Le cours de perfectionnement en rythmologie (CPR) était né. Organisés, les premières années, sous l'égide du Laboratoire Labaz, relayé ensuite par Sanofi-Winthrop, puis par Sanofi-Synthélabo, les CPR se tiennent chaque année à la Grande-Motte. Pendant trois jours, chefs de cliniques et internes suivent des cours de rythmologie de haut niveau. Le succès de cet enseignement n'a pas failli avec le temps puisque, en 2002, le CPR a atteint sa 20e édition. Les réunions seront désormais placées sous l'égide de la Société française de cardiologie. Le séminaire intensif de rythmologie (SIR), organisé à La Clusaz et présidé par les Prs Etienne Aliot et Paul Touboul, est plus jeune de dix ans. CPR et SIR sont complémentaires, l'idéal étant de suivre les deux enseignements.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature