LES PARTENAIRES conventionnels ont dépassé la date butoir du 15 novembre qu'ils s'étaient fixée pour signer un avenant sur les modalités de convergence entre l'option médecin référent et le nouveau dispositif du médecin traitant (« le Quotidien » du 15 novembre).
Les trois syndicats signataires de la convention (Csmf, SML et Alliance) viennent à cet égard de « demander solennellement » à Frédéric van Roekeghem, directeur général de l'assurance-maladie, « d'organiser, dans les meilleurs délais », les négociations sur « les dossiers en suspens » de la convention, dont cette fameuse « convergence » .
C'est aussi le moment choisi par l'Association nationale des médecins référents (Amedref fondée en mars 2005, qui revendique « 600 » bdhérents) pour interpeller dans une « lettre ouverte » les ministres de tutelle Xavier Bertrand et Philippe Bas, ainsi que Frédéric van Roekeghem, afin qu'ils prennent une « décision politique » concernant l'avenir des 8 935 généralistes référents recensés en 2005 par la Caisse nationale d'assurance-maladie. La convention interdit aux généralistes référents de faire adhérer de nouveaux patients à l'option. Elle les autorise uniquement à renouveler une seule fois leurs contrats annuels avant leur extinction progressive jusqu'au début de l'année 2007.
Un rôle de pionnier.
En voulant « supprimer d'un trait de plume » l'option référent, la convention « trahit l'esprit de la loi d'août 2004 et de la réforme de l'assurance-maladie », écrit l'Amedref aux pouvoirs publics. L'association les prie de « proroger l'option » du médecin référent qui a joué un rôle « pionnier » dans les nouveaux parcours de soins coordonnés. « Le gel de l'option médecin référent, explique l'Amedref, sera largement compensé par la confiance que les médecins généralistes retrouveront dans la parole de l'Etat et de l'assurance-maladie, par la sauvegarde des emplois dans les cabinets médicaux, enfin, par le maintien dans des zones difficiles de banlieue de cabinets médicaux qui, avec l'option, pouvaient continuer à assurer une présence médicale de qualité. »
Le généraliste-écrivain Christian Lehmann, coanimateur de l'association, fait valoir, en outre, que la fin de l'option référent équivaut à « un licenciement antiéconomique », puisque les généralistes concernés font économiser en moyenne près de « 20 000 euros par an » à la Sécu sur les médicaments remboursables (selon l'unique étude de la Cnam sur le sujet), rentabilisant ainsi le coût annuel de leurs forfaits cumulés (7 000 euros).
L'Amedref évalue entre « - 10 et - 30 % » les pertes de revenus des référents du fait de l'absence de nouvelles adhésions et du basculement des contrats vers le dispositif du médecin traitant. Elle souhaite donc que les généralistes référents bénéficient d'un moratoire comparable à celui dont bénéficient les spécialistes pénalisés par les tarifs de la nouvelle nomenclature technique.
MG-France épinglé.
Le Dr Lehmann estime qu' « il faudrait au minimum proroger l'option, en permettant aux médecins référents de continuer à inclure des patients, jusqu'à ce que le dispositif du médecin traitant fonctionne correctement ». Or « si on veut que le médecin traitant avance, il faut le doter de moyens financiers » (au-delà du forfait annuel de 40 euros par patient en ALD). Et l'Amedref de citer les états d'âme du président du syndicat départemental Csmf de la Meuse, Nicolas Robin, qui a comparé « l'option référent si mal comprise (à) un "secteur II" adapté à la médecine de famille », grâce à la rémunération forfaitaire de près de 46 euros par an et par patient adhérent.
L'Amedref jette ainsi une pierre dans le jardin de la Csmf, ennemie de toujours de l'option référent. Mais l'association, qui dit rassembler des généralistes « de toute obédience », n'est pas tendre non plus envers le syndicat qui avait instauré l'option en 1998. Le Dr Lehmann note en effet que, depuis le début de l'année, « MG-France a été extrêmement prudent, pour ne pas dire absent », dans la défense des intérêts des médecins référents.
Les membres de l'Amedref sont prêts à « être évalués », voire « redynamisés », et n'excluent pas de participer à « la modélisation d'une nouvelle option ». Reste à savoir « comment faire avaler (celle-ci) aux syndicats signataires de la convention », s'interroge le Dr Lehmann, alors qu'ils ont souhaité la mort programmée des référents par « idéologie ».
Pour en savoir plus : www.amedref.org
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