De notre correspondant
L'enquête que vient de rendre publique l'union régionale des caisses d'assurance-maladie d'Alsace sur les visites révèle que, si la baisse, comme dans la plupart des régions de France, est générale dans toute l'Alsace, elle s'observe de manière inégale selon les cantons et semble moins forte dans les secteurs à faible densité médicale que dans ceux qui présentent une densité élevée. Les situations locales, de même sans doute que le mode d'organisation des médecins au niveau des cantons, expliquent ces disparités que la démographie ne justifie pas à elle seule.
Selon les statistiques de l'URCAM, le nombre de visites effectuées par les généralistes alsaciens a diminué de 18,4 % entre le 1er octobre 2002 et le 30 septembre 2003. Et la part des visites dans l'activité des médecins de famille est passée de 24 % avant la mise en place de l'accord du 5 juin, signé entre les syndicats médicaux et les caisses, à 17 % aujourd'hui.
Au cours de la même période, le nombre de consultations a augmenté de 6,4 % et l'activité totale a progressé de 1,1 %.
Quatre-vingt-douze pour cent des visites effectuées depuis un an ont été « justifiées » par les médecins, et donc entièrement remboursées par l'assurance-maladie.
Des critères d'âge
Les représentants de MG-France, de la CSMF et du SML notent que les patients ont généralement bien accepté cet accord de bon usage de soins (AcBUS), surtout après que le médecin leur eut expliqué que leur visite risquait de ne pas être justifiée. Beaucoup ont soit reconnu qu'elle n'était pas indispensable et accepté d'y renoncer pour aller consulter, soit préféré payer le déplacement, comme un service rendu pour convenance personnelle.
Mais les médecins ont dû rassurer certains patients inquiets, qui craignaient que toutes les visites seraient dorénavant à leur charge. Les caisses ont organisé une campagne d'information et vont prochainement la renouveler.
Les 18,4 % de visites en moins signifient concrètement que 300 000 visites ont été évitées soit, à raison de 10 euros par visite, une économie de 3 millions pour l'assurance-maladie, auxquels s'ajoutent les 8 % de visites « non justifiées », payées par les patients et non par les caisses. Mais, au-delà de la seule économie, estiment l'URCAM et les médecins, l'AcBUS s'inscrit dans une démarche concertée de bon usage et de qualité des soins qui dépasse le seul intérêt financier. Comme le résume le Dr Emmanuel Hirsch (SML), « cet accord a été un succès, car il a bénéficié aux caisses et aux médecins, et montre un intérêt partagé ». En outre, observe le Dr Claude Bronner (MG-67) « cet accord était raisonnable, et c'est pour cela qu'il a pu être appliqué ».
Le service médical de l'assurance-maladie a effectué au cours de la même période une étude qualitative sur les motifs de déplacements : 42 % étaient uniquement liés à l'état de santé du patient, 19 % à sa situation médico-administrative, et 7 % à sa situation environnementale, des raisons multiples s'appliquant dans 25 % des cas. D'une manière générale, ce sont les visites demandées pour ou par des moins de vingt ans qui ont le plus souvent été qualifiées d'injustifiées par les médecins. A l'inverse, aucune visite demandée par des octogénaires n'a été jugée injustifiée, alors que les médecins ont souvent demandé aux patients âgés de 65 à 79 ans de préférer la consultation à la visite.
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