Il y a des vies planes comme une ligne droite, sans rupture. Celle de Martin Hirsch relève plutôt d’une course de montagne, une passion familiale, où le sommet en vue se dissipe au dernier moment. Quelle sera la prochaine étape ? En tout état de cause, l’installation avenue-Victoria ne doit pas se concevoir comme un camp de base provisoire. « J’espère être ici le plus longtemps possible », précise le directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Le plus grand hôpital européen à l’issue du mandat de son patron aura-t-il opéré sa mue ? En tout état de cause, l’idée de transformer les institutions est une ambition ancienne. « À 16 ans, j’ai publié ma première tribune dans Le Monde sur le thème comment transformer le parti communiste. » Au moment de l’adolescence, toutes les ambitions sont louables. Martin Hirsch recueillera davantage de succès dans ses futurs travaux de rénovation. En attendant, choisir la bonne voie même lorsque l’on est un élève brillant n’est jamais une tâche aisée, surtout lorsque l’on est tiraillé par des envies diverses. Le jeune Martin opte pour la médecine. Mais c’est la recherche en neurobiologie qui séduit l’étudiant en formation à l’hôpital Cochin. Jean Bernard, le maître de l’école d’hématologie française qui l’a reçu à plusieurs reprises lui avait suggéré de s’engager dans ce domaine. Martin Hirsch explore alors toutes les voies, y compris la psychanalyse. Pourquoi le futur médecin décide pourtant d’arrêter médecine ? Dans son livre La Lettre perdue, Martin Hirsch pointe une maladresse dans la réalisation des gestes pratiques, la figure de patrons amnésiques du principe d’humanité. Les réponses avancées n’épuisent pas le mystère Martin Hirsch, alors que l’issue est proche, change de parcours. Grâce à la création d’une nouvelle filière, il tente et réussit le concours de l’École nationale supérieure suivie par celui de l’École nationale d’administration. Les deux sommets de l’élite républicaine sont conquis dans la foulée. Pourquoi une telle soif de conquête ? Est-ce pour s’inscrire dans une belle cordée, celle d’un grand-père, résistant de la première heure qui a refusé d’être le ministre des Finances du général de Gaulle et d’un père bâtisseur de villes nouvelles ? Comme être à la « hauteur », sinon en montant toujours plus haut ? Aujourd’hui, Martin Hirsch prépare ses dossiers comme une course en montagne. « Il sait écouter, prendre le temps de la réflexion. Puis il fonce », témoigne son ancien chef au cabinet de Bernard Kouchner, Didier Tabuteau. Un médecin de l’AP-HP ne partage pas cet enthousiasme. « Martin Hirsch apparaît très auto-centré ». Pour le doyen Serge Uzan, en revanche, « il sait construire des projets, déléguer, donner sa confiance ». Mais qui peut se targuer de bien connaître Martin Hirsch ? Ce violoncelliste amateur aime à fréquenter d’autres cimes que la montagne, la musique de Jean-Sébastien Bach par exemple. Comme l’écrivait Jim Morrisson, c’est peut-être une belle manière de se cacher dans la musique comme pour mieux se dévoiler…
L’alpiniste
Publié le 17/06/2014
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Gilles Noussenbaum
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Source : Décision Santé: 297
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