De notre correspondant
Le compromis adopté par les parlementaires prévoit que seules les cellules d'embryons « sans projet de vie » pourront être importées en Allemagne et rejette le recours à tout embryon produit à des fins de recherche, y compris à l'étranger. Pour le Dr Wolfgang Wodarg, député au Bundestag et membre de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, il constitue néanmoins un « premier pas » éthiquement et médicalement contestable.
« L'Allemagne occupe une position de pointe en matière de recherche sur les cellules souches adultes : elles permettent d'éviter le recours aux cellules embryonnaires qui posent, outre leur aspect éthique, des problèmes immunologiques encore mal maîtrisés », explique-t-il, en regrettant que ses collègues ne l'aient pas suivi dans leur vote. « Nous serons extrêmement vigilants face à tout risque de dérapage », poursuit le Dr Wodarg qui, avec le Pr Jean-François Mattei, est l'un des spécialistes de la bioéthique au sein du Conseil de l'Europe ; les deux médecins avaient d'ailleurs lancé ensemble une pétition européenne contre la brevetabilité des gènes et le Dr Wodarg souhaite que l'assemblée européenne se saisisse du dossier des cellules souches.
A l'inverse, les chercheurs qui demandaient le droit d'importer des cellules souches pour poursuivre leurs travaux, et notamment l'équipe du Dr Oliver Brüstle, à Bonn, voient cette décision comme un « signal positif ». La Société des chercheurs allemands (DFG) avait décidé, il y a plusieurs mois, de ne pas statuer sur leurs projets avant que le Bundestag ne se prononce, et va maintenant rendre son avis. Le gouvernement entend pour sa part présenter la semaine prochaine une loi sur les cellules souches qui tiendra compte de ce vote. Par la voix de son président, le Pr Jörg Dietrich Hoppe, l'Ordre fédéral des médecins allemands s'est félicité de la qualité des débats au Bundestag. Il rappelle que la possibilité d'importer des cellules souches ne doit pas remettre en cause l'interdiction absolue de tuer des embryons à des fins de recherche et souhaite que la future loi évite toute mise à mort de nouveaux embryons. L'Ordre entend veiller au respect de ces principes, en soulignant par ailleurs que les applications concrètes de ces recherches restent lointaines, et ne doivent pas éveiller de faux espoirs chez les patients.
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