L'allaitement maternel ne prévient pas l'HTA

Publié le 23/11/2003
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Une métaanalyse britannique, fondée sur l'analyse systématique de la littérature, remet en cause l'idée selon laquelle l'allaitement maternel conduit à une diminution de la pression artérielle à court et à long terme. Owen et coll. (Saint George's Hopital Medical Scholl, Londres) montrent que seules les études menées sur de petits effectifs (n > 300) mettent en évidence une différence significative entre la pression artérielle des sujets nourris au sein et celle de ceux nourris au biberon. Dès que l'effectif étudié comprend plus de 1 000 individus, la différence entre les deux groupes de sujets devient si faible qu'elle n'a plus aucune signification clinique.

Une revue de 29 études

Owen et coll. ont extrait des banques de données bibliographiques l'ensemble des études qui ont recherché une association entre la pression artérielle et le mode d'alimentation des nourrissons (sein ou biberon). Ils ont ainsi pu obtenir les résultats de 29 études dont 26 estimaient la pression systolique et 23 la pression diastolique. Les auteurs de la métaanalyse ont ajustés les données recueillies en fonction de l'âge, du sexe, de la taille, de l'indice de masse corporel et du groupe ethnique des sujets étudiés. Ils ont ensuite calculé la moyenne de la différence de pression artérielle observée entre le groupe des sujets nourris au sein et celui des sujets nourris au biberon.
Concernant la pression sanguine systolique, lorsque cette moyenne est réalisée à partir de l'ensemble des données ajustées recueillies, une diminution de 1,10 mm Hg (IC : 95 % entre - 1,79 et - 0,42 mm Hg) est observée chez les individus nourris au lait maternel. Mais il s'avère que ce chiffre varie fortement d'une étude à l'autre : plus l'effectif étudié est important et plus la différence observée entre les deux groupes devient faible. C'est dans les études comptant moins de 300 sujets que la différence est la plus forte (- 2,05 mm Hg). Dans les études de taille intermédiaire (300 < n < 1 000), la moyenne de différence de pression systolique entre les deux groupes est proche de celle calculée sur l'ensemble des données (- 1,13 mm Hg). Enfin, dans les études se fondant sur l'analyse d'un grand nombre de sujets (n > 1 000), cette différence devient pratiquement nulle (-0,16 mm Hg). D'après Owen et coll., un biais entacherait les résultats des études bâties sur des effectifs trop restreints en taille.
Par ailleurs, aucune association n'a pu être établie entre la valeur moyenne de la pression diastolique et le mode d'alimentation à la naissance.
Owen et coll. concluent donc que l'allaitement maternel n'a pas d'influence significative sur la pression artérielle. Selon eux, si l'idée contraire s'est répandue depuis quelques années, c'est à cause de la trop grande importance qui a été accordée à de nombreuses études se fondant sur l'analyse de petites cohortes. Owen et coll. insistent cependant sur le fait que l'allaitement maternel apporte d'autres bénéfices aux nourrissons tels qu'une amélioration du développement nerveux et psychosocial, une protection potentielle contre l'obésité et des maladies allergiques ainsi qu'une diminution du taux de cholestérol à long terme.

« British Medical Journal » du 22 novembre 2003, pp. 1189-1192.

Elodie BIET

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7431