ÉMILE GALLÉ l'affirmait sans détour : René Lalique est l' «inventeur» du «bijou moderne». Tout commence en 1880, lorsque Lalique entre comme dessinateur de bijoux au service des joailliers du Palais-Royal. On admire ses dessins, pleins d'audaces et de liberté. L'artiste tend déjà vers son but : créer des oeuvres profondément novatrices et originales. Créer un style. En 1885, Lalique reprend l'atelier d'un joaillier, qu'il agrandira par la suite, et devient le collaborateur de Vever et de Boucheron lors de l'Exposition universelle de 1889. Il ouvre un magasin place Vendôme et crée, quelques années plus tard, pour le parfumeur Coty, le flacon d'Ambre antique.
Peu à peu, ses créations affirment leur singularité. Lalique sacrifie les matériaux traditionnels (platine, diamants, pierres précieuses) pour privilégier l'or ciselé, l'émail, l'opale, la pierre de lune, la corne, l'ivoire, le verre, l'argent, l'améthyste, le saphir… Ses bijoux (ornements de corsages, colliers, pendants de cou, diadèmes, épingles à chapeau, broches…) et ses objets précieux (flacons de parfum, lampe, vase…) sont parés d'un foisonnement floral et végétal : iris et chardons, muguets et orchidées, reptiles, oiseaux, femme-insecte, cygne noir, scarabée, libellule, fleurs d'aubépine, guêpes, branche de pommier, paons blancs… Lalique pratiquait l'oeuvre d'art totale, en s'impliquant dans tous les processus de réalisation. Il sut brillamment réussir la synthèse entre l'art et l'industrie. Il sculpta dans du verre les portes de l'hôtel d'Albert-Ier, à Paris, les fontaines du rond-point des Champs-Elysées (démontées en 1958 et disparues depuis), les décorations des wagons-restaurants de l'Orient-Express (1929), la salle à manger des premières classes du paquebot « Normandie » (1936).L'exposition présente près de 400 pièces (études, dessins, modèles, affiches, bijoux, objets, photographies, peintures, sculptures…) réalisées par Lalique entre 1890 et 1912. On se perdra avec bonheur dans ces reflets opalescents et les arabesques fastueuses de ces pierres colorées. Une oeuvre symboliste et naturaliste, encore Art nouveau et déjà Art déco, d'une grande beauté.
Musée du Luxembourg. 19, rue de Vaugirard, Paris 6e. Tél. 01.45.44.12.90. Ouvert tlj (mardi, mercredi,jeudi, samedi, de 10 h 30 à 19 h ; lundi et vendredi, de 10 h 30 à 22 h ; dimanche de 9 h à 19 h). Entrée : 10 euros (TR : 8 euros).
Jusqu'au 29 juillet. A lire : « le Catalogue de l'exposition », éd. Svo - Musée du Luxembourg et Skira, 264 p., 32 euros, et « les Flacons à parfum Lalique », par Mary-Lou et Glenn Utt, Patricia Bayer, éd. Bibliothèque des Arts, 160 p., 55 euros.
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